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L’Avare by Molière Bilingual Book English/French Page 1

Ce n’est pas une traduction mot à mot mais les livres dans les deux langues mis côte à côte. Vous pouvez le lire en français, en anglais ou les deux.

This is not a word-by-word translation but the books in the two languages put side by side. You can read it in French, in English or both.

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L’Avare by Molière

L’Avare by MolièreTHE MISER by MOLIÈRE
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PERSONNAGES ACTEURSPERSONS REPRESENTED.
Harpagon, père de Cléante et d’Élise,
et amoureux de Mariane. Molière.
Harpagon, father to Cléante, in love with Marianne.
Cléante, fils d’Harpagon, amant de Mariane. La Grange.Cléante, Harpagon’s son, lover to Marianne.
Élise, fille d’Harpagon, amante de Valère. Mlle Molière.Élise, daughter to Harpagon.
Valère, fils d’Anselme et amant d’Élise. Du Croisy.Valère, son to Anselme, and lover to Élise.
Mariane, amante de Cléante et aimée d’Harpagon. Mlle De Brie.Marianne, daughter to Anselme.
Anselme, père de Valère et de Mariane.Anselme, father to Valère and Marianne.
Frosine, femme d’intrigue. Magd. Béjart.Frosine, an intriguing woman.
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Maître Simon, courtier.Master Simon, broker.
Maître Jacques, cuisinier et cocher d’Harpagon. Hubert.Master Jacques, cook and coachman to Harpagon.
La Flèche, valet de Cléante. Béjart cadet.La Flèche, valet to Cléante.
Dame Claude, servante d’Harpagon.Mistress Claude, servant to Harpagon.
Brindavoine, La Merluche, laquais d’Harpagon.Brindavoine, and La Merluche, lackeys to Harpagon.
Un commissaire et son clerc.A Magistrate and his Clerk.
La scène est à Paris, dans la maison d’Harpagon.The scene is at Paris, in Harpagon’s house.
ACTE PREMIER.ACT I.
Scène première. – Valère, Élise.SCENE I.——VALÈRE, ÉLISE.
Valère –Valère –
Hé quoi ! charmante Élise, vous devenez mélancolique, après les obligeantes assurances que vous avez eu la bonté de me donner de votre foi ? Je vous vois soupirer, hélas ! au milieu de ma joie ! Est-ce du regret, dites-moi, de m’avoir fait heureux ? et vous repentez-vous de cet engagement où mes feux ont pu vous contraindre ? What, dear Élise! you grow sad after having given me such dear tokens of your love; and I see you sigh in the midst of my joy! Can you regret having made me happy? and do you repent of the engagement which my love has forced from you?
Élise –Élise –
Non, Valère, je ne puis pas me repentir de tout ce que je fais pour vous. Je m’y sens entraîner par une trop douce puissance, et je n’ai pas même la force de souhaiter que les choses ne fussent pas. Mais, a vous dire vrai, le succès me donne de l’inquiétude ; et je crains fort de vous aimer un peu plus que je ne devrais.
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No, Valère, I do not regret what I do for you; I feel carried on by too delightful a power, and I do not even wish that things should be otherwise than they are. Yet, to tell you the truth, I am very anxious about the consequences; and I greatly fear that I love you more than I should.
Valère –Valère –
Eh ! que pouvez-vous craindre, Élise, dans les bontés que vous avez pour moi ?What can you possibly fear from the affection you have shown me?
Élise –Élise –
Hélas ! cent choses à la fois : l’emportement d’un père, les reproches d’une famille, les censures du monde ; mais plus que tout, Valère, le changement de votre coeur, et cette froideur criminelle dont ceux de votre sexe payent le plus souvent les témoignages trop ardents d’un innocent amour.Everything; the anger of my father, the reproaches of my family, the censure of the world, and, above all, Valère, a change in your heart! I fear that cruel coldness with which your sex so often repays the too warm proofs of an innocent love.
Valère –Valère –
Ah ! ne me faites pas ce tort, de juger de moi par les autres ! Soupçonnez-moi de tout, Élise, plutôt que de manquer à ce que je vous dois. Je vous aime trop pour cela ; et mon amour pour vous durera autant que ma vie.Alas! do not wrong me thus; do not judge of me by others. Think me capable of everything, Élise, except of falling short of what I owe to you. I love you too much for that; and my love will be as lasting as my life!
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Élise –Élise –
Ah ! Valère, chacun tient les mêmes discours ! Tous les hommes sont semblables par les paroles ; et ce n’est que les actions qui les découvrent différents.Ah! Valère, all men say the same thing; all men are alike in their words; their actions only show the difference that exists between them.
Valère –Valère –
Puisque les seules actions font connaître ce que nous sommes, attendez donc, au moins, à juger de mon coeur par elles, et ne me cherchez point des crimes dans les injustes craintes d’une fâcheuse prévoyance. Ne m’assassinez point, je vous prie, par les sensibles coups d’un soupçon outrageux ; et donnez-moi le temps de vous convaincre, par mille et mille preuves, de l’honnêteté de mes feux.Then why not wait for actions, if by them alone you can judge of the truthfulness of my heart? Do not suffer your anxious fears to mislead you, and to wrong me. Do not let an unjust suspicion destroy the happiness which is to me dearer than life; but give me time to show you by a thousand proofs the sincerity of my affection.
Élise –Élise –
Hélas ! qu’avec facilité on se laisse persuader par les personnes que l’on aime ! Oui, Valère, je tiens votre coeur incapable de m’abuser. Je crois que vous m’aimez d’un véritable amour, et que vous me serez fidèle : je n’en veux point du tout douter, et je retranche mon chagrin aux appréhensions du blâme qu’on pourra me donner.Alas! how easily do we allow ourselves to be persuaded by those we love. I believe you, Valère; I feel sure that your heart is utterly incapable of deceiving me, that your love is sincere, and that you will ever remain faithful to me. I will no longer doubt that happiness is near. If I grieve, it will only be over the difficulties of our position, and the possible censures of the world.
Valère –Valère –
Mais pourquoi cette inquiétude ?But why even this fear?
Élise –Élise –
Je n’aurais rien à craindre si tout le monde vous voyait des yeux dont je vous vois ; et je trouve en votre personne de quoi avoir raison aux choses que je fais pour vous. Mon coeur, pour sa défense, a tout votre mérite, appuyé du secours d’une reconnaissance où le ciel m’engage envers vous. Je me représente à toute heure ce péril étonnant qui commença de nous offrir aux regards l’un de l’autre ; cette générosité surprenante qui vous fit risquer votre vie, pour dérober la mienne à la fureur des ondes ; ces soins pleins de tendresse que vous me fîtes éclater après m’avoir tirée de l’eau, et les hommages assidus de cet ardent amour que ni le temps ni les difficultés n’ont rebuté, et qui, vous faisant négliger et parents et patrie, arrête vos pas en ces lieux, y tient en ma faveur votre fortune déguisée, et vous a réduit, pour me voir, à vous revêtir de l’emploi de domestique de mon père. Tout cela fait chez moi, sans doute, un merveilleux effet ; et c’en est assez, à mes yeux, pour me justifier l’engagement où j’ai pu consentir ; mais ce n’est pas assez peut-être pour le justifier aux autres, et je ne suis pas sûre qu’on entre dans mes sentiments.Oh, Valère! if everybody knew you as I do, I should not have much to fear. I find in you enough to justify all I do for you; my heart knows all your merit, and feels, moreover, bound to you by deep gratitude. How can I forget that horrible moment when we met for the first time? Your generous courage in risking your own life to save mine from the fury of the waves; your tender care afterwards; your constant attentions and your ardent love, which neither time nor difficulties can lessen! For me you neglect your parents and your country; you give up your own position in life to be a servant of my father! How can I resist the influence that all this has over me? Is it not enough to justify in my eyes my engagement to you? Yet, who knows if it will be enough to justify it in the eyes of others? and how can I feel sure that my motives will be understood?
Valère –Valère –
De tout ce que vous avez dit, ce n’est que par mon seul amour que je prétends auprès de vous mériter quelque chose ; et quant aux scrupules que vous avez, votre père lui-même ne prend que trop de soin de vous justifier à tout le monde, et l’excès de son avarice, et la manière austère dont il vit avec ses enfants, pourraient autoriser des choses plus étranges. Pardonnez-moi, charmante Élise, si j’en parle ainsi devant vous. Vous savez que, sur ce chapitre, on n’en peut pas dire de bien. Mais enfin, si je puis, comme je l’espère, retrouver mes parents, nous n’aurons pas beaucoup de peine à nous les rendre favorables. J’en attends des nouvelles avec impatience, et j’en irai chercher moi-même, si elles tardent à venir.
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You try in vain to find merit in what I have done; it is by my love alone that I trust to deserve you. As for the scruples you feel, your father himself justifies you but too much before the world; and his avarice and the distant way in which he lives with his children might authorise stranger things still. Forgive me, my dear Élise, for speaking thus of your father before you; but you know that, unfortunately, on this subject no good can be said of him. However, if I can find my parents, as I fully hope I shall, they will soon be favourable to us. I am expecting news of them with great impatience; but if none comes I will go in search of them myself.
Élise –Élise –
Ah! Valère, ne bougez d’ici, je vous prie, et songez seulement à vous bien mettre dans l’esprit de mon père. Oh no! Valère, do not leave me, I entreat you. Try rather to ingratiate yourself in my father’s favour.
Valère –Valère –
Vous voyez comme je m’y prends, et les adroites complaisances qu’il m’a fallu mettre en usage pour m’introduire à son service ; sous quel masque de sympathie et de rapports de sentiments je me déguise pour lui plaire, et quel personnage je joue tous les jours avec lui, afin d’acquérir sa tendresse. J’y fais des progrès admirables ; et j’éprouve que, pour gagner les hommes, il n’est point de meilleure voie que de se parer à leurs yeux de leurs inclinations, que de donner dans leurs maximes, encenser leurs défauts, et applaudir à ce qu’ils font. On n’a que faire d’avoir peur de trop charger la complaisance ; et la manière dont on les joue a beau être visible, les plus fins toujours sont de grandes dupes du côté de la flatterie, et il n’y a rien de si impertinent et de si ridicule qu’on ne fasse avaler, lorsqu’on l’assaisonne en louanges. La sincérité souffre un peu au métier que je fais ; mais, quand on a besoin des hommes, il faut bien s’ajuster à eux, et puisqu’on ne saurait les gagner que par là, ce n’est pas la faute de ceux qui flattent, mais de ceux qui veulent être flattés.You know how much I wish it, and you can see how I set about it. You know the skilful manoeuvres I have had to use in order to introduce myself into his service; under what a mask of sympathy and conformity of tastes I disguise my own feelings to please him; and what a part I play to acquire his affection. I succeed wonderfully well, and I feel that to obtain favour with men, there are no better means than to pretend to be of their way of thinking, to fall in with their maxims, to praise their defects, and to applaud all their doings. One need not fear to overdo it, for however gross the flattery, the most cunning are easily duped; there is nothing so impertinent or ridiculous which they will not believe, provided it be well seasoned with praise. Honesty suffers, I acknowledge; but when we have need of men, we may be allowed without blame to adapt ourselves to their mode of thought; and if we have no other hope of success but through such stratagem, it is not after all the fault of those who flatter, but the fault of those who wish to be flattered.
Élise –Élise –
Mais que ne tâchez-vous aussi de gagner l’appui de mon frère, en cas que la servante s’avisât de révéler notre secret ?Why do you not try also to gain my brother’s goodwill, in case the servant should betray our secret?
Valère –Valère –
On ne peut pas ménager l’un et l’autre ; et l’esprit du père et celui du fils sont des choses si opposées, qu’il est difficile d’accommoder ces deux confidences ensemble. Mais vous, de votre part, agissez auprès de votre frère, et servez-vous de l’amitié qui est entre vous deux pour le jeter dans nos intérêts. Il vient. Je me retire. Prenez ce temps pour lui parler, et ne lui découvrez de notre affaire que ce que vous jugerez à propos.I am afraid I cannot humour them both. The temper of the father is so different from that of the son that it would be difficult to be the confidant of both at the same time. Rather try your brother yourself; make use of the love that exists between you to enlist him in our cause. I leave you, for I see him coming. Speak to him, sound him, and see how far we can trust him.
Élise –Élise –
Je ne sais si j’aurai la force de lui faire cette confidence.I greatly fear I shall never have the courage to speak to him of my secret.
Scène II. – Cléante, Élise.SCENE II.——CLÉANTE, ÉLISE,
Cléante –Cléante –
Je suis bien aise de vous trouver seule, ma soeur ; et je brûlais de vous parler, pour m’ouvrir à vous d’un secret.I am very glad to find you alone, sister. I longed to speak to you and to tell you a secret.
Élise –Élise –
Me voilà prête à vous ouïr, mon frère. Qu’avez-vous à me dire ?I am quite ready to hear you, brother. What is it you have to tell me?
Cléante –Cléante –
Bien des choses, ma soeur, enveloppées dans un mot. J’aime.Many things, sister, summed up in one word—love.
Élise –Élise –
Vous aimez ? You love?
Cléante –Cléante –
Oui, j’aime. Mais, avant que d’aller plus loin, je sais que je dépends d’un père, et que le nom de fils me soumet à ses volontés ; que nous ne devons point engager notre foi sans le consentement de ceux dont nous tenons le jour ; que le ciel les a faits les maîtres de nos voeux, et qu’il nous est enjoint de n’en disposer que par leur conduite ; que, n’étant prévenus d’aucune folle ardeur, ils sont en état de se tromper bien moins que nous et de voir beaucoup mieux ce qui nous est propre ; qu’il en faut plutôt croire les lumières de leur prudence que l’aveuglement de notre passion ; et que l’emportement de la jeunesse nous entraîne le plus souvent dans des précipices fâcheux. Je vous dis tout cela, ma soeur, afin que vous ne vous donniez pas la peine de me le dire ? car enfin mon amour ne veut rien écouter, et je vous prie de ne me point faire de remontrances.Yes, I love. But, before I say more, let me tell you that I know I depend on my father, and that the name of son subjects me to his will; that it would be wrong to engage ourselves without the consent of the authors of our being; that heaven has made them the masters of our affections, and that it is our duty not to dispose of ourselves but in accordance to their wish; that their judgment is not biassed by their being in love themselves; that they are, therefore, much more likely not to be deceived by appearances, and to judge better what is good for us; that we ought to trust their experience rather than the passion which blinds us; and that the rashness of youth often carries us to the very brink of dangerous abysses. I know all this, my sister, and I tell it you to spare you the trouble of saying it to me, for my love will not let me listen to anything, and I pray you to spare me your remonstrances.
Élise –Élise –
Vous êtes-vous engagé, mon frère, avec celle que vous aimez ? Have you engaged yourself, brother, to her you love?
Cléante –Cléante –
Non ; mais j’y suis résolu, et je vous conjure encore une fois de ne me point apporter de raisons pour m’en dissuader.No, but I have determined to do so; and I beseech you once more not to bring forward any reason to dissuade me from it.
Élise –Élise –
Suis-je, mon frère, une si étrange personne ?Am I such a very strange person, brother?
Cléante –Cléante –
Non, ma soeur ; mais vous n’aimez pas ; vous ignorez la douce violence qu’un tendre amour fait sur nos coeurs, et j’appréhende votre sagesse.No, dear sister; but you do not love. You know not the sweet power that love has upon our hearts; and I dread your wisdom.
Élise –Élise –
Hélas ! mon frère, ne parlons point de ma sagesse : il n’est personne qui n’en manque, du moins une fois en sa vie ; et, si je vous ouvre mon coeur, peut-être serai-je à vos yeux bien moins sage que vous.Alas! my brother, let us not speak of my wisdom. There are very few people in this world who do not lack wisdom, were it only once in their lifetime; and if I opened my heart to you, perhaps you would think me less wise than you are yourself.
Cléante –Cléante –
Ah ! plût au ciel que votre âme, comme la mienne… ! Ah! would to heaven that your heart, like mine …
Élise –Élise –
Finissons auparavant votre affaire, et me dites qui est celle que vous aimez.Let us speak of you first, and tell me whom it is you love.
Cléante –Cléante –
Une jeune personne qui loge depuis peu en ces quartiers, et qui semble être faite pour donner de l’amour à tous ceux qui la voient. La nature, ma soeur, n’a rien formé de plus aimable ; et je me sentis transporté dès le moment que je la vis. Elle se nomme Mariane, et vit sous la conduite d’une bonne femme de mère qui est presque toujours malade, et pour qui cette aimable fille a des sentiments d’amitié qui ne sont pas imaginables. Elle la sert, la plaint et la console, avec une tendresse qui vous toucherait l’âme. Elle se prend d’un air le plus charmant du monde aux choses qu’elle fait ; et l’on voit briller mille grâces en toutes ses actions, une douceur pleine d’attraits, une bonté toute engageante, une honnêteté adorable, une… Ah ! ma soeur, je voudrais que vous l’eussiez vue ! A young girl who has lately come to live in our neighbourhood, and who seems made to inspire love in all those who behold her. Nature, my dear sister, has made nothing more lovely; and I felt another man the moment I saw her. Her name is Marianne, and she lives with a good, kind mother, who is almost always ill, and for whom the dear girl shows the greatest affection. She waits upon her, pities and comforts her with a tenderness that would touch you to the very soul. Whatever she undertakes is done in the most charming way; and in all her actions shine a wonderful grace, a most winning gentleness, an adorable modesty, a … ah! my sister, how I wish you had but seen her.
Élise –Élise –
J’en vois beaucoup, mon frère, dans les choses que vous me dites ; et, pour comprendre ce qu’elle est, il me suffit que vous l’aimez. I see many things in what you tell me, dear brother; and it is sufficient for me to know that you love her for me to understand what she is.
Cléante –Cléante –
J’ai découvert sous main qu’elles ne sont pas fort accommodées (1), et que leur discrète conduite a de la peine à étendre à tous leurs besoins le bien qu’elles peuvent avoir. Figurez-vous, ma soeur, quelle joie ce peut être que de relever la fortune d’une personne que l’on aime ; que de donner adroitement quelques petits secours aux modestes nécessités d’une vertueuse famille ; et concevez quel déplaisir ce m’est de voir que, par l’avarice d’un père, je sois dans l’impuissance de goûter cette joie, et de faire éclater à cette belle aucun témoignage de mon amour. I have discovered, without their knowing it, that they are not in very good circumstances, and that, although they live with the greatest care, they have barely enough to cover their expenses. Can you imagine, my sister, what happiness it must be to improve the condition of those we love; skilfully to bring about some relief to the modest wants of a virtuous family? And think what grief it is for me to find myself deprived of this great joy through the avarice of a father, and for it to be impossible for me to give any proof of my love to her who is all in all to me.
Élise –Élise –
Oui, je conçois assez, mon frère, quel doit être votre chagrin. Yes, I understand, dear brother, what sorrow this must be to you.
Cléante –Cléante –
Ah ! ma soeur, il est plus grand qu’on ne peut croire. Car, enfin, peut-on rien voir de plus cruel que cette rigoureuse épargne qu’on exerce sur nous, que cette sécheresse étrange où l’on nous fait languir ? Hé ! que nous servira d’avoir du bien, s’il ne nous vient que dans le temps que nous ne serons plus dans le bel âge d’en jouir, et si, pour m’entretenir même, il faut que maintenant je m’engage de tous côtés ; si je suis réduit avec vous à chercher tous les jours le secours des marchands, pour avoir moyen de porter des habits raisonnables ? Enfin, j’ai voulu vous parler pour m’aider à sonder mon père sur les sentiments où je suis ; et, si je l’y trouve contraire, j’ai résolu d’aller en d’autres lieux, avec cette aimable personne, jouir de la fortune que le ciel voudra nous offrir. Je fais chercher partout, pour ce dessein, de l’argent à emprunter ; et, si vos affaires, ma soeur, sont semblables aux miennes, et qu’il faille que notre père s’oppose à nos désirs, nous le quitterons là tous deux, et nous affranchirons de cette tyrannie où nous tient depuis si longtemps son avarice insupportable.It is greater, my sister, than you can believe. For is there anything more cruel than this mean economy to which we are subjected? this strange penury in which we are made to pine? What good will it do us to have a fortune if it only comes to us when we are not able to enjoy it; if now to provide for my daily maintenance I get into debt on every side; if both you and I are reduced daily to beg the help of tradespeople in order to have decent clothes to wear? In short, I wanted to speak to you that you might help me to sound my father concerning my present feelings; and if I find him opposed to them, I am determined to go and live elsewhere with this most charming girl, and to make the best of what Providence offers us. I am trying everywhere to raise money for this purpose; and if your circumstances, dear sister, are like mine, and our father opposes us, let us both leave him, and free ourselves from the tyranny in which his hateful avarice has for so long held us.
Élise –Élise –
Il est bien vrai que tous les jours il nous donne de plus en plus sujet de regretter la mort de notre mère, et que…It is but too true that every day he gives us more and more reason to regret the death of our mother, and that …
Cléante –Cléante –
J’entends sa voix. Eloignons-nous un peu pour achever notre confidence ; et nous joindrons après nos forces pour venir attaquer la dureté de son humeur. I hear his voice. Let us go a little farther and finish our talk. We will afterwards join our forces to make a common attack on his hard and unkind heart.
Scène III. – Harpagon, La Flèche.SCENE III.——HARPAGON, LA FLÈCHE.
Harpagon –Harpagon –
Hors d’ici tout à l’heure, et qu’on ne réplique pas. Allons, que l’on détale de chez moi, maître juré filou, vrai gibier de potence !Get out of here, this moment; and let me have no more of your prating. Now then, be gone out of my house, you sworn pickpocket, you veritable gallows’ bird.
La Flèche –
(à part.)
La Flèche –
(aside)
Je n’ai jamais rien vu de si méchant que ce maudit vieillard, et je pense, sauf correction, qu’il a le diable au corps. I never saw anything more wicked than this cursed old man; and I truly believe, if I may be allowed to say so, that he is possessed with a devil.
Harpagon –Harpagon –
Tu murmures entre tes dents ?What are you muttering there between your teeth?
La Flèche –La Flèche –
Pourquoi me chassez-vous ?Why do you send me away?
Harpagon –Harpagon –
C’est bien à toi, pendard, à me demander des raisons ! Sors vite, que je ne t’assomme.You dare to ask me my reasons, you scoundrel? Out with you, this moment, before I give you a good thrashing.
La Flèche –La Flèche –
Qu’est-ce que je vous ai fait ?What have I done to you?
Harpagon –Harpagon –
Tu m’as fait que je veux que tu sortes.Done this, that I wish you to be off.
La Flèche –La Flèche –
Mon maître, votre fils, m’a donné ordre de l’attendre.My master, your son, gave me orders to wait for him.
Harpagon –Harpagon –
Va-t’en l’attendre dans la rue, et ne sois point dans ma maison, planté tout droit comme un piquet à observer ce qui se passe, et faire ton profit de tout. Je ne veux point avoir sans cesse devant moi un espion de mes affaires, un traître dont les yeux maudits assiègent toutes mes actions, dévorent ce que je possède, et furettent de tous côtés pour voir s’il n’y a rien à voler.Go and wait for him in the street, then; out with you; don’t stay in my house, straight and stiff as a sentry, to observe what is going on, and to make your profit of everything. I won’t always have before me a spy on all my affairs; a treacherous scamp, whose cursed eyes watch all my actions, covet all I possess, and ferret about in every corner to see if there is anything to steal.
La Flèche –La Flèche –
Comment diantre voulez-vous qu’on fasse pour vous voler ? Êtes-vous un homme volable, quand vous renfermez toutes choses, et faites sentinelle jour et nuit ?How the deuce could one steal anything from you? Are you a man likely to be robbed when you put every possible thing under lock and key, and mount guard day and night?
Harpagon –Harpagon –
Je veux renfermer ce que bon me semble, et faire sentinelle comme il me plaît. Ne voilà pas de mes mouchards (2), qui prennent garde à ce qu’on fait ?
(Bas, à part.)
Je tremble qu’il n’ait soupçonné quelque chose de mon argent.
(Haut.)
Ne serais-tu point homme à aller faire courir le bruit que j’ai chez moi de l’argent caché ?
 I will lock up whatever I think fit, and mount guard when and where I please. Did you ever see such spies as are set upon me to take note of everything I do? (Aside) I tremble for fear he should suspect something of my money. (Aloud) Now, aren’t you a fellow to give rise to stories about my having money hid in my house?
La Flèche –La Flèche –
Vous avez de l’argent caché ?You have some money hid in your house?
Harpagon –Harpagon –
Non, coquin, je ne dis pas cela.
(Bas.)
J’enrage !
(Haut.)
Je demande si, malicieusement, tu n’irais point faire courir le bruit que j’en ai.
No, scoundrel! I do not say that.
(Aside)
I am furious!
(Aloud)
I only ask if out of mischief you do not spread abroad the report that I have some?
La Flèche –La Flèche –
Hé ! que nous importe que vous en ayez, ou que vous n’en ayez pas, si c’est pour nous la même chose ?Oh! What does it matter whether you have money, or whether you have not, since it is all the same to us?
Harpagon –Harpagon –
(levant la main pour donner un soufflet à la Flèche.)
Tu fais le raisonneur ! Je te baillerai de ce raisonnement-ci par les oreilles. Sors d’ici, encore une fois.
(raising his hand to give La Flèche a blow)
. Oh! oh! You want to argue, do you? I will give you, and quickly too, some few of these arguments about your ears. Get out of the house, I tell you once more.
La Flèche –La Flèche –
Eh bien, je sors. Very well; very well. I am going.
Harpagon –Harpagon –
Attends : ne m’emportes-tu rien ?No, wait; are you carrying anything away with you?
La Flèche –La Flèche –
Que vous emporterais-je ?What can I possibly carry away?
Harpagon –Harpagon –
Tiens, viens çà, que je voie. Montre-moi tes mains.Come here, and let me see. Show me your hands.
La Flèche –La Flèche –
Les voilà.There they are.
Harpagon –Harpagon –
Les autres.The others.
La Flèche –La Flèche –
Les autres ?The others?
Harpagon –Harpagon –
Oui.Yes.
La Flèche –La Flèche –
Les voilà.There they are.
Harpagon –Harpagon –
(montrant les hauts-de-chausses de la Flèche.)
N’as-tu rien mis ici dedans ?
(pointing to La Flèche’s breeches).
Have you anything hid in here?
La Flèche –La Flèche –
Voyez vous-même.Look for yourself.
Harpagon –Harpagon –
(tâtant le bas des hauts-de-chausses de la Flèche.)
Ces grands hauts-de-chausses sont propres à devenir les recéleurs des choses qu’on dérobe ; et je voudrais qu’on en eût fait pendre quelqu’un.
(feeling the knees of the breeches).
These wide knee-breeches are convenient receptacles of stolen goods; and I wish a pair of them had been hanged.
La Flèche –La Flèche –
(à part.)
Ah ! qu’un homme comme cela mériterait bien ce qu’il craint ! Et que j’aurais de joie à la voler !
(aside).
Ah! how richly such a man deserves what he fears, and what joy it would be to me to steal some of his …
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Texte bilingue préparé par Akirill.com , déposé sur le site Akirill.com le 21 juillet 2022. Chacun des livres (anglais ou français) peut être repris séparément et réutilisé à des fins personnelles et non commerciales. Ils sont libres de droits d’auteur.

Toute utilisation des deux livres côte à côte doit mentionner leur origine
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THE MISER by MOLIÈRE

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