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Le sixième roman de Fyodor Mikhailovich Dostoevsky “Démons” également appelé “Les Possédés” a été écrit en 1872. C’est l’une des œuvres les plus politisées de l’écrivain, qu’il a écrite sous l’impression des activités des mouvements terroristes et révolutionnaires émergents en Russie. Le roman est devenu une sorte d’avertissement sur une catastrophe sociale, qui conduira à des méthodes cruelles pour réaliser l’idée du bonheur universel et le principe « la fin justifie les moyens ».

Dostoïevski n’a rien prévu de grandiose: il a voulu s’exprimer sur le thème de l’émergence du «néchaevisme» et de phénomènes politiques similaires sur plusieurs pages. Le travail n’a même pas été conçu dans un style artistique, mais le résultat a été qu’un roman de prédiction est sorti de sous sa plume, et celui-ci n’a pas perdu sa pertinence aujourd’hui.
La société russe a plutôt froidement accepté le nouveau roman, et certains critiques ont même qualifié l’œuvre de “calomnie” et “d’absurdité”. Au fil du temps, la situation a peu évolué. La plupart des partisans du mouvement révolutionnaire russe ont perçu les « démons » comme une caricature vicieuse de leurs idées. Une telle réputation a empêché la grande popularité de l’œuvre.
Contrairement à la Russie, la culture occidentale a apprécié la profondeur socio-morale du roman. Les “Démons” de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski ont eu une énorme influence sur la littérature philosophique du tournant des XIXe et XXe siècles, dont Nietzsche et Camus étaient des représentants célèbres.
L’attitude envers les “Démons” dans l’espace post-soviétique a changé assez récemment. Les contemporains ont compris la prophétie des idées de Dostoïevski, son désir de montrer au monde le danger des idées radicales révolutionnaires et athées. L’écrivain a exprimé la profondeur de l’aliénation envers ses personnages dans le titre et l’épigraphe, tirés du poème de Pouchkine du même nom.
Initialement, «Démons» était censé faire partie d’un seul roman épique, mais en raison de problèmes financiers, l’auteur n’a pas pu réaliser son plan et son éditeur Katkov a imposé des conditions strictes au travail de l’écrivain. Ainsi, au lieu d’un grand roman, l’auteur a publié cinq livres: «Adolescent», «Crime et châtiment», «Démons», «Les frères Karamazov», «Idiot».
De plus, dans le roman, vous pouvez trouver des références à de vraies personnes. à titre d’exemple, Dostoïevski a ridiculisé I.S. Tourgueniev avec qui il n’était pas d’accord sur l’idéologie libérale-occidentale, utilisant l’image de Karamzinov. Le prototype de Stavroguine est le chef du cercle Petrashevsky, pour sa participation dans laquelle le jeune Dostoïevski a failli être exécuté. Une dernière chose est la suppression des chapitres («Chez Tikhon»), où Stavrogin raconte à l’aîné l’agression de la fille. Il a été interdit en Russie et retiré du roman par l’éditeur lui-même. Cependant, c’est là que la vision du monde de Stavroguine se heurte à la morale chrétienne de Tikhon, et le lecteur voit la défaite de la « personnalité démoniaque ».
Vous pouvez le lire sur notre site en français , anglais ou russe ainsi que dans notre rubrique bilingue (russe/anglais)

Extrait du livre :
Chapitre 1
Pour raconter les événements si étranges survenus dernièrement dans notre ville, je suis obligé de remonter un peu plus haut et de donner au préalable quelques renseignements biographiques sur une personnalité distinguée: le très-honorable Stépan Trophimovitch Verkhovensky. Ces détails serviront d’introduction à la chronique que je me propose d’écrire.
Je le dirai franchement: Stépan Trophimovitch a toujours tenu parmi nous, si l’on peut ainsi parler, l’emploi de citoyen; il aimait ce rôle à la passion, je crois même qu’il serait mort plutôt que d’y renoncer. Ce n’est pas que je l’assimile à un comédien de profession: Dieu m’en préserve, d’autant plus que, personnellement, je l’estime. Tout, dans son cas, pouvait être l’effet de l’habitude, ou mieux, d’une noble tendance qui, dès ses premières années, avait constamment poussé à rêver une belle situation civique. Par exemple, sa position de «persécuté» et d’»exilé» lui plaisait au plus haut point. Le prestige classique de ces deux petits mots l’avait séduit une fois pour toutes; en se les appliquant, il se grandissait à ses propres yeux, si bien qu’il finit à la longue par se hisser sur une sorte de piédestal fort agréable à la vanité.
Je crois bien que, vers la fin, tout le monde l’avait oublié, mais il y aurait injustice à dire qu’il fut toujours inconnu. Les hommes de la dernière génération entendirent parler de lui comme d’un des coryphées du libéralisme. Durant un moment, — une toute petite minute, — son nom eut, dans certains milieux, à peu près le même retentissement que ceux de Tchaadaïeff, de Biélinsky, de Granovsky et de Hertzen qui débutait alors à l’étranger. Malheureusement, à peine commencée, la carrière active de Stépan Trophimovitch s’interrompit, brisée qu’elle fût, disait-il par le «tourbillon des circonstances». À cet égard, il se trompait. Ces jours-ci seulement j’ai appris avec une extrême surprise, — mais force m’a été de me rendre à l’évidence, — que, loin d’être en exil dans notre province, comme chacun le pensait chez nous, Stépan Trophimovitch n’avait même jamais été sous la surveillance de la police. Ce que c’est pourtant que la puissance de l’imagination! Lui-même crut toute sa vie qu’on avait peur de lui en haut lieu, que tous ses pas étaient comptés, toutes ses démarches épiées, et que tout nouveau gouverneur envoyé dans notre province arrivait de Pétersbourg avec des instructions précises concernant sa personne. Si l’on avait démontré clair comme le jour au très-honorable Stépan Trophimovitch qu’il n’avait absolument rien à craindre, il en aurait été blessé à coup sûr. Et cependant c’était un homme fort intelligent…
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J’espère que vous apprécierez ce livre.
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3 thoughts on “Que savez-vous du roman “Démons” de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski”