Poem: “Noël” by Henry Wadsworth Longfello

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Noël


ENVOYE A M. AGASSIZ, LA VEILLE DE NOËL 1864, AVEC UN PANIER DE VINS DIVERS

L’Academie en respect,
Nonobstant l’incorrection
A la faveur du sujet,
Ture-lure,
N’y fera point de rature;
Noël! ture-lure-lure.
— Gui Barozai

Quand les astres de Noël
Brillaient, palpitaient au ciel,
Six gaillards, et chacun ivre,
Chantaient gaiment dans le givre,
“Bons amis,
Allons donc chez Agassiz!”

Ces illustres Pelerins
D’Outre-Mer adroits et fins,
Se donnant des airs de pretre,
A l’envi se vantaient d’etre
“Bons amis,
De Jean Rudolphe Agassiz!”

Oeil-de-Perdrix, grand farceur,
Sans reproche et sans pudeur,
Dans son patois de Bourgogne,
Bredouillait comme un ivrogne,
“Bons amis,
J’ai danse chez Agassiz!”

Verzenay le Champenois,
Bon Francais, point New-Yorquois,
Mais des environs d’Avize,
Fredonne a mainte reprise,
“Bons amis,
J’ai chante chez Agassiz!”

A cote marchait un vieux
Hidalgo, mais non mousseux;
Dans le temps de Charlemagne
Fut son pere Grand d’Espagne!
“Bons amis,
J’ai dine chez Agassiz!”

Derriere eux un Bordelais,
Gascon, s’il en fut jamais,
Parfume de poesie
Riait, chantait, plein de vie,
“Bons amis,
J’ai soupe chez Agassiz!”

Avec ce beau cadet roux,
Bras dessus et bras dessous,
Mine altiere et couleur terne,
Vint le Sire de Sauterne;
“Bons amis,
J’ai couche chez Agassiz!”

Mais le dernier de ces preux,
Etait un pauvre Chartreux,
Qui disait, d’un ton robuste,
“Benedictions sur le Juste!
Bons amis,
Benissons Pere Agassiz!”

Ils arrivent trois a trois,
Montent l’escalier de bois
Clopin-clopant! quel gendarme
Peut permettre ce vacarme,
Bons amis,
A la porte d’Agassiz!

“Ouvrer donc, mon bon Seigneur,
Ouvrez vite et n’ayez peur;
Ouvrez, ouvrez, car nous sommes
Gens de bien et gentilshommes,
Bons amis
De la famille Agassiz!”

Chut, ganaches! taisez-vous!
C’en est trop de vos glouglous;
Epargnez aux Philosophes
Vos abominables strophes!
Bons amis,
Respectez mon Agassiz!



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