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Le Diable Batteur

Contes Français

Les Contes et Chansons Populaires Recueillis par E. Henry Carnoy

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Le Diable Batteur

(Berry)

Le batteur d’un fermier mourut. Le fermier chercha partout quelqu’un pour le remplacer, mats tous les batteurs étaient engagés, et aucun d’eux n’était disponible pour le moment.


« Il me faut pourtant un ouvrier, se dit le fermier. Il n’y a que le Diable à qui je puisse avoir recours. »


Au même instant, l’homme entendit du bruit près de lui, et vit un paysan portant un fléau sur son épaule.


« N’auriez-vous point besoin d’un batteur, notre maître?


— Un batteur, mais si; le mien est mort, et depuis quinze jours je cherche partout sans pouvoir mettre la main sur un seul.

— Alors, je tombe bien. A quelles conditions m’en gagez-vous?


— J’ai tellement besoin d’un bon ouvrier que je t’accorderai ce que tu me demanderas.


— Cest entendu, notre maître!


— C’est entendu ! »


Et le fermier conduisit le batteur à la grange et lui indiqua ce qu’il fallait faire.


Vers midi, on appela l’ouvrier pour le dîner.


On lui servit une grande jatte de soupe qu’il avala d’un seul trait. Il en fut de même pour les légumes et pour la viande.

Le fermier se demandait quel était ce grand mangeur et commençait à se repentir d’avoir engagé un pareil ouvrier.


Huit jours après, toute la récolte du fermier avait été battue, vannée, mise en sacs et portée au grenier par le mystérieux batteur.

Celui-ci s’en vint trouver le fermier.


« Notre maître, le travail pour lequel vous m’avez pris est terminé; je viens pour que vous me payiez.


— Que veux-tu en paiement ?


— Peu de Chose, ce qui se trouve en ce moment derrière la porte de la cuisine.


— Prends-le! » dit le maître, qui croyait que le batteur demandait le balai.


Mais c’était Jeannette, la fille du fermier, qui, jouant avec sa sœur Catherine, était en ce moment cachée derrière la porte.

Le Diable, car c’était lui, on l’a deviné, le savait bien ; il ne fit qu’un bond jusqu’à la porte, saisit la jeune fille et l’emmena hors de la maison , malgré les supplications de son pauvre père.


« Permettez au moins que j’emmène ma sœur Catherine ! dit Jeannette au démon.


— Je le veux bien ! » répondit le Diable en riant dans sa barbe.


Jeannette emmena Catherine, et le Diable les plaça avec lui sur un grand cheval noir qu’il fit sortir du sol rien qu’en frappant du pied sur les cailloux de la route.

Le cheval allait rapide comme le vent, et bientôt on arriva devant un grand château.

Est-ce ici ? dit Jeannette.


— Pas encore, » répondit le Diable.


Une heure après, ce fut un autre château, bien plus beau que le premier.


« Est-ce ici? demanda encore Jeannette.


— Pas encore, » lui dit le démon.


Enfin on se trouva à la porte d’un palais superbe.


« Nous voici arrivés; descendez et hâtez- vous. »


Le Diable descendit avec les jeunes filles et les fit entrer dans le château.

Jamais les filles du fermier n’avaient rien vu d’aussi beau. Les murs étaient d’argent , les portes d’or, et les glaces taillées dans un seul diamant. Puis, partout des sacs remplis d’or et de pierres précieuses, des armes et de la vaisselle du plus grand prix.


« Jeunes filles, sachez que je suis le Diable et que je ne me suis mis au service de voire père que pour avoir votre âme.

Comme elle ne me serait utile en rien , vous vivantes , il faut que je vous tue. Je vais commencer par Jeannette. »


Le Diable prit la selle de son cheval noir, puis il dit :


« Pose, ma belle, pose, ma belle, Pose ton cou sur la selle.


— Attendez, mon bon monsieur, attendez que je quitte mon beau tablier, mes beaux bas que ma mère jamais plus ne me donnera!


— Je le veux bien, mais dépêche-toi. »


Et le Diable alla mettre son cheval à l’écurie.

Vite, ma sœur; vite, ma sœur; monte dans la grande tour et vois si ma marraine la sainte Vierge ne vient pas à notre secours. »


Catherine monta dans la tour et regarda par toutes les routes et par tous les sentiers.

« Catherine, Catherine, vois-tu venir quelque chose ?


— Je ne vois rien, rien, par toutes les routes et par tous les sentiers. »


Le Diable revint, prit son grand sabre et dit :

« Pose, ma belle, pose, ma belle, Pose ton cou sur la selle.


— Attendez, mon bon monsieur, attendez que je quitte ma belle chemise que ma mère jamais plus ne me donnera.


— Je le veux bien, mais hâte-toi. »


Le Diable sortit encore pour aller donner à manger à son cheval.


« Catherine, Catherine, vois-tu venir quelque chose ?


— Je ne vois venir qu’un petit papillon blanc tout au loin dans le ciel bleu.


— C’est ma marraine, la sainte Vierge! Fais-lui signe de venir bientôt, car voilà le Diable qui accourt.


— Allons, allons, est-ce fini ?


« Pose, ma belle, pose, ma belle, Pose ton cou sur la selle.


— Attendez, mon bon monsieur, attendez que je tire mon beau scapulaire que jamais plus ma mère ne me donnera.


— Mon cheval a soif et j’y vais, mais c’est la dernière fois. »


Dès qu’il fut sorti, Jeannette appela sa sœur:

Catherine, Catherine, vois-tu le papillon?

— Me voici, ma gentille filleule, me voici ! dit la sainte Vierge qui venait d’arriver. »


Le Diable revint avec son grand sabre.. Mais la sainte Vierge le saisit et le plaça dans une grande boîte, et, comme une grande chaudière d’eau bouillante était là, on y jeta le Diable.


« Grâce, grâce! criait-il. Laissez-moi aller, et je laisserai en paix le fermier et ses filles.


— Le jures-tu, demanda la sainte Vierge, et donneras-tu à ma filleule tout l’or et tous les diamants qu’elle pourra emporter d’ici?


— Oui, oui, je le jure. Mais, de grâce, laissez- moi aller ! »


La sainte Vierge mit le Diable en liberté et aida les jeunes filles à emporter chez leur père une partie des trésors du démon, dont jamais on n’entendit parler depuis à la maison du fermier.


(Conté en 1882, par M. Joseph Vouaux,à Neuilly [Çhery.

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