Contes Français
Les Contes et Chansons Populaires Recueillis par E. Henry Carnoy
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Les Trois Roses et les Trois Chiens
(NORMANDIE)

Un brave pêcheur vivait tant bien que mal du maigre produit de sa pêche avec sa
femme et ses trois enfants.
Il avait beau se lever malin, prendre ses filets et revenir fort tard de la pêche, il ne rapportait jamais que quelques petits poissons qu’à peine il pouvait vendre.
Depuis quelques jours surtout, il ne jouait que de malheur et la misère était
grande dans sa chaumière.
Ne sachant à quel saint se vouer, le pêcheur avait conduit sa barque dans un endroit isolé au pied d’un gros rocher, et, tout en maudissant son existence, il avait jeté ses filets.
En les retirant, il sentit une résistance inaccoutumée et il fut tout étonné de ramener un poisson énorme tel que jamais il n’en avait vu.
Sa surprise fut bien plus grande quand il entendit le poisson lui dire :
« Je suis le Roi des poissons et c’est moi qui t’ai jusqu’à présent rendu si malheureux à la pêche en éloignant mes sujets de ta barque.
Si tu me fais mourir et que tu me manges avec ta femme et tes enfants, il t’en arrivera bonheur.
Tu détruiras un charme qui me tient depuis longtemps dans un corps de poisson et je trouverai moyen de t’en récompenser.
Rentre chez toi, mets-moi à trire et conserve mes os que tu enterreras juste au milieu de ton jardin
Tu trouveras un trésor en cet endroit.
De ma tête sortiront trois chiens fidèles; tu en donneras un à chacun de tes fils.
Puis trois rosiers sortiront de terre; que chacun de tes enfants ait le sien.
Ces rosiers porteront des feuilles et des fleurs d’un bout de l’année à l’autre.
Quand un danger menacera l’un de tes fils, son rosier languira et semblera sur le
point de mourir.
Fais ton profit de ce que je viens de te dire et retourne chez toi. »
Dès qu’il eut cessé de parler, le Roi des poissons mourut.
Rentré chez lui, le pêcheur raconta à sa femme et à ses trois enfants la bonne fortune inespérée qui venait de lui échoir.
Puis on s’occupa de préparer l’énorme poisson dont bientôt il ne resta plus que la tête, les os et les nageoires.
Un trou fut creusé au milieu du jardin et Ton y trouva un grand coffre rempli d’argent, d’or et de diamants.
Puis le pêcheur y enterra ce qui restait du Roi des poissons.
Lorsque le lendemain matin l’homme alla au jardin, il y trouva trois beaux chiens qui le suivirent à la maison.
Il en donna un à chacun de ses fils, selon la recommandation du Roi des poissons.
Il en fut de même pour les trois rosiers qui, quelques jours après, poussèrent à l’endroit où les os avaient été déposés.
Le pêcheur n’était plus le pauvre homme d’autrefois.
A la place de sa chaumière, il avait fit bâtir un magnifique château.
L’aîné de ses fils s’était marié à une riche héritière et les trois rosiers étaient tout couverts de feuilles et de fleurs.
Un jour l’aîné, étant allé à lâchasse, trouva un superbe château complètement inconnu des gens des environs.
Il en parla le soir à sa femme.
Oh! je sais ce que c’est; mon père m’a dit autrefois que ce château était habité par une vieille sorcière, et que tous ceux qui avaient voulu y entrer n’en étaient pas revenus.
— Je voudrais bien savoir ce que peut renfermer le château et j’ai l’intention de tenter l’aventure dès demain.
— Je t’en prie, ne l’essaie pas. Tu ne reviendrais jamais.
— C’est décidé. Demain je prendrai mon chien et je saurai à quoi m’en tenir. »
Et, malgré les supplications de sa femme, le nouveau marié prit ses dispositions pour aller visiter le château merveilleux.
Il suivit le chemin de la forêt, puis celui du château auquel il ne tarda pas à arriver.
Là, personne ne se montra pour lui barrer la route.
Il traversa des cours, des corridors, des salles, et partout ce n’étaient que cavaliers, que princes, que jeunes filles immobiles et que, de près, il trouvait de pierre.
Enfin, il arriva à une porte auprès de laquelle une vieille femme filait sa quenouille.
« Où vas-tu, jeune homme?
— Je viens visiter ce château et je voudrais y entrer.
— C’est fort bien. Mais laisse là ton chien et attache-le au fil de ma quenouille. »
Le jeune homme attacha le chien et se trouva aussitôt changé en pierre.
La vieille sorcière ricana et se remit à filer.
Mais, dans le jardin du pêcheur, l’un des rosiers avait perdu ses feuilles et ses fleurs à l’instant où le chercheur d’aventures avait été changé en pierre.
Les deux frères s’en aperçurent et prévinrent leur père.
« Votre frère est en grand danger.
Jacques, siffle ton chien, et vole au secours de ton aîné. »
Jacques siffla son chien et se mit à la recherche de son frère. Lui aussi arriva devant le château merveilleux, traversa des cours, des corridors et des salles et trouva la vieille filant sa quenouille.
« Hé, la vieille! N’avez-vous point vu mon frère aîné venir dans ce château ?
— Si, si. Il est dans cette grande salle. Laisse ton chien et attache-le à mon peloton de fil, et je te laisserai libre d’entrer. »
Jacques attacha le chien et se trouva à l’instant même changé en pierre, tandis que la vieille se remettait à filer.
Le second rosier avait perdu ses feuilles et ses fleurs.
Quand le cadet s’en aperçut, il siffla son chien, dit adieu à son père et se mit à chercher ses frères.
Arrivé au château, il vit les chevaliers et les belles dames alignés le long des murs et il soupçonna quelque piège.
Aussi quand la vieille lui dit d’attacher son chien à son peloton de fil, il s’écria :
Fidèle, mon chien, saute donc à la gorge de cette maudite sorcière! »
Et le chien prit son élan, saisit la vieille par le cou et l’étrangla.
Au même moment le charme fut détruit, et les chevaliers, les princes, les belles
dames et leurs chevaux, les deux frères et leurs chiens, revinrent à la vie, tandis que dans le jardin de l’ancien pêcheur, les trois rosiers refleurissaient de plus belle et n’avaient jamais été si beaux.
Les chevaliers et les princesses quittèrent le château après avoir bien remercié le jeune homme.
Les deux plus jolies des belles dames qui étaient là suivirent les jeunes gens et les épousèrent.
Et il y eut des noces si belles, si belles, que depuis que le monde est monde on n’a encore vu leurs pareilles.
(Conté à Paris, en 1883, par M. Georges Charpentier, qui l’a recueilli d’un jeune Normand J

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