Contes Français
Les Contes et Chansons Populaires Recueillis par E. Henry Carnoy
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La Baguette magique
(Artois)

Un bon paysan s’était un peu trop attardé au cabaret à boire des tasses de café et des chopes de bière. Il était tant soit peu gris en sortant, et ayant tombé à rencontrer le seigneur du village, il l’insulta.
Le châtelain, furieux, fit saisir le paysan et le fît mettre en prison
Puis, quelques jours après, il le fit mettre en liberté en lui disant :
Je te donne huit jours pour inventer un jeu de Trincmal; si, au bout de ce temps, tu ne l’as pas trouvé, tu seras pendu.
— Mais, mon maître, encore faudrait-il que je sache ce que vous entendez par un jeu de Trincmal.
— Je te laisse toute liberté à ce sujet; une fois que tu me fais rire bien fort avec ton jeu, c’est ce que je demande.
Ainsi retourne à ta maison et invente ce qu’il te plaira. »
Le paysan passa sept jours à réfléchir et ne trouva rien qui pût faire rire le seigneur.
« Je suis perdu, se dit-il, si je ne parviens à m’enfuir. Je vais quitter le village et me sauver en Picardie. »
Aussitôt dit que fait. L’homme prit ‘une binette comme s’il allait travailler aux champs, mit sa blouse sur le bras et, sans se faire remarquer, sortit du village.
Il allait arriver en Picardie, quand il rencontra une vieille femme ridée, s’appuyant sur un gros bâton noueux qui lui demanda :
Où vas-tu avec cette binette?
— Ma bonne femme, je quitte mon village pour éviter la corde qui m’y attend. J’ai eu le malheur d’insulter mon maître et seigneur et, en punition, il m’a condamné à inventer sous huit jours un certain jeu de Trincmal, que Dieu confonde! ou à me voir pendu à la grande potence du château.
— Ah ! ah ! le jeu de Trincmal, je sais ce que c’est Et tu as sans doute grand regret de laisser là- bas ta femme Catherine?
— Pour Dieu, oui ! C’est mon plus grand chagrin.
— Tu as tort, tu as tort. Ta femme, depuis trois mois, ne fait que de te tromper avec le curé du village. Tout le monde le sait, et tu es le seul à l’ignorer.
— Ce n’est pas possible !
— Si, si ; c’est comme je te le dis. Tu vas retourner au village, et tu pourras en juger par toi-même.
— Mais le seigneur ?
— Ne t’en inquiète pas. Prends cette baguette magique et sers- t’en au moment convenable.
Tu n’auras qu’à dire : « Baguette, fais bien tenir! » et tu feras tout ce que tu voudras. Adieu. »
La vieille continua son chemin, tandis que le paysan retournait au village.
Arrivé là, il rentra par le jardin en se dissimulant soigneusement, et il alla se cacher dans le grenier après avoir creusé un petit trou dans le plancher.
Par là, il voyait et il entendait tout.
Le curé arriva bientôt.
« Bonjour, Catherine. On dit que ton mari s’est sauvé tout au loin.
Cela tombe bien.
Nous allons nous coucher.
— Causons un peu auparavant.
— Non, non; plus tard, cela vaudra mieux. »
Et le curé se coucha avec la femme.
Mais, bientôt après, il eut besoin de se lever pour prendre le vase de nuit.
Baguette, fais bien tenir! » dit le paysan, qui avait tout vu.
Le charme fit son effet.
« Catherine, Catherine, dit le curé; je ne sais ce que j’ai ; je ne puis lâcher le vase.
— Attendez; je vais vous aider. »
La femme se leva et toucha le vase de nuit.
« Baguette, fais bien tenir! » ajouta le paysan.
Puis, un gros bâton à la main, il descendit du grenier et chassa devant lui sa femme et le curé tous deux en chemise et la main rivée au vase de nuit.
Les deux amants demandaient grâce.
Laisse- moi rentrer au presbytère, dit le curé, et je te donnerai mille écus.
— Non, non, pas au presbytère, mais au château. J’ai trouvé le jeu de Trincmal, et du diable si mon maître le seigneur ne se tord pas les côtes à la vue de ce beau couple.
En avant, marche! »
Et frappant de plus en fort, l’homme conduisit ses prisonniers au château.
Un petit paysan tomba à passer avec un panier tout plein de carottes.
Il en envoya une dans le dos du curé.
« Baguette, fais bien tenir! » dit le villageois.
Et la carotte resta au dos du curé.
Ce que voyant, une vache de passage voulut manger la carotte.
«Baguette, fais bien tenir! » dit une nouvelle fois l’homme à la baguette magique.
Et la vache suivit le couple.
On arrivait près du château, lorsqu’un taureau aperçut la vache et s’avança pour la couvrir.
Le paysan n’eut qu’à dire : * Baguette, fais ton devoir ! » et le taureau du: suivre le groupe.
• Hé! hé mon maître, cria le villageois en arrivant dans la cour du seigneur. Venez vile voir.
J’ai inventé le jeu de Trincmal. »
Le seigneur accourut et pensa mourir de rire en voyant le jeu singulier qu’avait trouvé le paysan.
Le curé et la femme furent chassés honteusement du pays, et l’homme non seulement eut sa grâce, mais encore devint bientôt l’intendant du seigneur.
(Coati m 1881, par M Bon .tlle.de mièvres [Pas-de-Calaisj.J
8*’ ^^ r *W*7′ *Wi*7′

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