Contes Français
Les Contes et Chansons Populaires Recueillis par E. Henry Carnoy
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La mauvaise Mère
(Alsace)

Dans un ménage de paysans, il y avait deux enfants, un petit garçon nommé Henri et une petite fille nommée Lina.
La mère aimait beaucoup son fils Henri, mais elle détestait sa fille Lina, qu’elle battait à tout propos et dont elle eût voulu pour beaucoup se voir débarrassée.
Un jour, profitant de l’absence de son mari, qui était allé à la ville voisine, la méchante femme appela ses deux enfants et, après avoir envoyé Lina à l’école pour y chercher ses prix, elle dit à son fils :
« Henri, il te faut aller chez le mercier demander pour deux sous de petites aiguilles.
Nous les mettrons dans la soupe de ta sœur et elle mourra.
— Mais, maman, je ne veux pas faire mourir Lina.
— Prends ces deux sous et va-t’en vite; sinon je te battrai d’importance! »
Effrayé, le petit garçon courut chez le mercier.
« Bonjour, monsieur; je viens chercher pour deux sous de petites aiguilles.
— Ta mère a donc à coudre aujourd’hui quelque robe de soie?
— Non, mais elle veut mettre ces aiguilles dans la soupe de sœur Lina et la faire mourir. »
Le mercier refusa de donner pour deux sous d’aiguilles et renvoya le petit Henri.
« Maman, dit l’enfant en rentrant, le marchand n’a pas voulu me vendre les aiguilles.
— Comment donc? Que lui as-tu demandé?
— J’ai dit que je venais chercher deux sous d’aiguilles fines dont tu avais besoin pour faire mourir sœur Lina.
— Tu es donc fou, de dire de pareilles choses !
Cours chez l’autre marchand et ne dis pas pourquoi j’ai besoin d’aiguilles. »
Un quart d’heure plus tard, Henri était de retour, et la femme mettait les aiguilles dans l’assiette de sa petite fille.
Débarrassé de sa commission, le petit garçon courut à l’avancée de sa sœur.
Il la rencontra toute chargée de gros livres.
« Tu as donc obtenu tous ces prix, petite sœur?
— Oui, j’ai été la première en tout.
— Si tu veux me donner le plus beau de ces livres, je te confierai un grand secret.
— Je le veux bien, Henri ; prends le livre qui te plaît le plus.
— Eh bien, maman veut te faire mourir; elle a mis de fines aiguilles dans ta soupe et, si tu en manges, je n’aurai plus de sœur. »
Lina remercia son frère et revint à la maison.
Le dîner était servi, et les enfants se mirent à table.
Qu’as-tu donc, Lina? dit la mère; tu ne manges pas.
— Non, j’ai mal à la tête, et je préférerais dîner dans le jardin.
— Soit, va dîner dehors. »
Lina emporta son assiette et, à peine sortie, prit une bêche, fit un grand trou et y jeta sa soupe qu’elle recouvrit de terre.
Puis elle revint auprès de sa mère.
La méchante femme était toute étonnée de voir sa fille encore en vie.
« Des aiguilles ne suffisent pas; il faut que je trouve autre chose ! »
Ainsi songeait la marâtre.
Le dîner terminé, elle envoya son fils en commission et dit à Lina de descendre à la cave pour y tirer du vin.
La petite fille y alla suivie par sa mère, qui la cloua par les mains et par les pieds à une croix de bois tout au fond de l’arrière mère-cave.
Enfin, je suis débarrassée de cette maudite enfant! se disait la mauvaise créature.
Je dirai à mon mari qu’elle est allée se promener au bois et qu’elle n’est pas encore revenue.
On la croira dévorée par les loups. »
C’est ce qu’elle raconta à son mari quand celui-ci fut de retour, et dans tout le village on pleura en songeant qu’une si jolie petite fille était morte mangée par les animaux de la forêt.
Un an plus tard, le mari eut besoin d’aller dans l’arrière-cave.
Tout à coup il se heurta contre un corps d’enfant qu’il reconnut être celui de sa petite Lina, et il entendit une petite voix fine qui disait :
Ma mauvaise, ma méchante mère,
Sur cette croix m’a clouée.
Le pauvre père essaya d’enlever les clous qui retenaient son enfant. Mais, dans ses bras, il ne resta que quelques ossements; la petite Lina était morte aussitôt qu’elle avait eu dévoilé le crime’ horrible de sa mère cruelle.
Furieux, le paysan prit un grand couteau et tua sa femme.
Puis il re- cueillit pieusement les restes de sa Lina et les fit enterrer dans le cimetière du village.
Cette cérémonie achevée, le malheureux père mourut de douleur.
(Conté en i883, par M. Michel Stoullig, qui le tient de sa bonne, une Alsacienne)
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