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L’Aiguille, le Chien et la Princesse

Contes Français

Les Contes et Chansons Populaires Recueillis par E. Henry Carnoy

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L’Ami Joseph  > > >

L’Aiguille, le Chien et la Princesse

(Lorraine)

Un roi avait trois fils, et, devenu vieux, il eût voulu donner le pouvoir à l’un d’eux et vivre tranquillement dans la retraite. Il appela ses trois enfants et il leur dit :


« Voilà que je suis tout cassé et tout ridé; je ne peux plus m’occuper des choses de l’Etat. Je vous aime également tous les trois et je ne puis me décider à donner la couronne à l’un plutôt qu’à l’autre d’entre vous. Je veux vous imposer une épreuve; celui qui réussira à m’apporter dans un an et un jour l’aiguille la plus fine et le plus gros fil qui puisse la traverser sera roi à ma place. »


Les trois frères embrassèrent leur père et prirent chacun un excellent cheval et partirent.

Il y avait un mois qu’ils étaient partis delà capitale et leur bourse était vide.

Les deux aînés se dirent :


« Assommons notre frère et prenons-lui son cheval que nous vendrons pour en avoir de l’argent. Nous serons débarrassés de lui et nous ne craindrons pas qu’il nous enlève la couronne. »


Ils prirent leurs bâtons et assommèrent le jeune prince, puis ils s’éloignèrent.


Le cadet était étendu sur la route quand une fée vint à passer.


« Ah! le pauvre garçon! se dit-elle. Ce serait dommage de le laisser mourir ainsi. »


Elle tira un flacon de sa poche et versa sur la tête du jeune prince quelques gouttes d’un baume merveilleux qui pouvait rendre à la vie des gens morts depuis dix ans.

A l’instant le jeune homme parut se réveiller. Il ne se sentait plus de rien.


« Oh! merci, merci, bonne madame! qui êtes vous donc ?


— Je suis la Reine des Fées; j’ai vu qu’on avait voulu te tuer et je t’ai guéri grâce à un baume de ma composition. Mais d’où viens tu et où vas-tu ?


— Je suis le fils du roi d’Espagne et je voyage à la recherche de l’aiguille la plus fine et du fil le plus gros qui puisse la traverser. Mes frères voyagent dans le même but et ce sont eux qui m’ont laissé pour mort en cet endroit.


— Allons, ne te désole pas : voici une pomme merveilleuse que tu conserveras avec soin. Retourne chez ton père et, tes frères rentrés, ouvre la pomme, tu y trouveras ce que tu désires. »


Le prince remercia la bonne Reine des Fées et retourna au château du roi, où l’on fut tout étonné de le voir entrer seul bien longtemps avant ses frères.


Mais il ne les accusa pas, disant qu’il croyait avoir trouvé avant eux ce qu’il cherchait et qu’alors il était revenu.


Les frères revinrent à leur tour et ils eurent bien peur en revoyant leur frère cadet.


Le jour fixé par le roi arriva, et chacun des frères étala les aiguilles les plus fines qu’ils eussent pu trouver par toute la terre.

C’était fort bien, mais quand il se fut agi de passer un gros fil par le trou, ils n’y purent réussir.


« Et toi, dit le vieux père, où sont tes aiguilles ?


— Mon père, je n’en ai qu’une, et pour ne pas la perdre je l’ai enfoncée dans cette pomme »


Le jeune prince ouvrit la pomme et montra une aiguille aussi fine que les fils que tissent les petites araignées des bois.

Puis prenant un gros câble, il le passa sans difficulté par le trou de l’aiguille.


Le roi était enthousiasmé. Mais les deux frères :


« Père, il y a quelque tour de magie dans ce prodige; indiquez-nous une autre épreuve afin que nos chances soient égales.


— S’il en est ainsi, remettez-vous en route et rapportez-moi le plus petit chien qui soit au monde. »


Encore une fois, les trois frères quittèrent la ville pour se mettre à la recherche du chien merveilleux.


Au bout d’un mois, ils tuèrent leur frère à coups de poignard, comptant sans la Reine des Fées qui vint presque aussitôt rendre la vie au pauvre jeune homme.

Bonne Reine des Fées, combien je vous dois!


C’est la seconde fois que vous me sauvez la vie. Je vous en remercie. Mais le chien le plus petit du monde, pouvez-vôus me le donner?


— Certainement. Prends cette noix; tu y trouveras ce que tu désires. »


Le prince prit la noix et partit. Mais en chemin, il perdit le fruit. Bien désolé, il chercha s’il ne pourrait point retrouver la fée. Justement elle avait appris que le prince avait perdu sa noix.


« Voici une pioche, dit-elle à ce dernier; fais un trou bien profond ; dans quinze jours tu auras la noix. »


Le travail fut bien pénible, car il fallait piocher dans un terrain aussi dur que le roc; enfin le prince trouva la précieuse noix.

Il revint en hâte au château où ses frères venaient d’arriver.

Ils avaient rapporté des chiens si petits que s’en était merveille. Mais quelle fut leur surprise et leur rage en voyant le chien qui sortit de la noix et qui était gros au plus comme le fruit de l’églantier.


« Il y a encore magie ! dirent les deux aînés. Faites que nous repartions et que celui qui ramènera la plus charmante princesse soit définitivement roi.


— Cette fois je vous préviens que ce sera la dernière épreuve. Arrangez-vous en conséquence.»


Au bout d’un mois de marche, les deux méchants princes prirent leur frère et lui coupèrent la tête.

Mais la bonne fée qui avait tout vu eut bientôt fait de lui rendre la vie.


« Que veux-tu de moi.’ lui demanda la Reine des Fées.


— Une chose impossible; ce serait de me donner la plus jolie femme ou princesse qui existe de par toute la terre. Or, je ne connais que vous qui puissiez surpasser en beauté les princesses que vont ramener mes deux frères. Je vous aime beaucoup, mais viendriez-vous avec moi?


— Certes, si tu me promets de m’épouser.


— Je le jure.


— Alors, au jour dit, je paraîtrai devant ton père , et j’essayerai de te faire avoir la couronne. »


Revenus au palais, les fils aînés du roi n’en purent croire leurs yeux en voyant leur frère cadet, gai et souriant, qui les attendait à la porte.


Le lendemain le roi les fit venir et leur dit d’aller chacun chercher la princesse qu’ils avaient choisie.


Celle du fils aîné était belle, mais celle du second était d’une beauté sans exemple.


Et toi? dit le roi au cadet.


— Attendez un instant, mon père, je vais appeler la princesse que j’ai trouvée dans mon voyage, et vous jugerez s’il existe pareille merveille sur la terre. »


On entendit comme un bruissement léger, et, sur un char magnifique, traîné par des pigeons blancs et noirs, parut la Reine des Fées.

Les deux autres princesses l’eurent à peine aperçue, qu’elles se cachèrent le visage, tellement elles se sentaient laides auprès de la nouvelle arrivée.

Les deux princes étaient atterrés. Ils le furent bien plus quand la Reine des Fées eut raconté au roi ce que ces deux misérables avaient fait à leur jeune frère pour le tuer.

A l’instant, le roi ordonna de les chasser du royaume, et depuis on n’en entendit plus jamais parler.


Le jeune prince épousa la Reine des Fées; il eut de nombreux enfants remplis de qualités qui firent son bonheur et celui de son vieux père.


Conté à Vacqueville (Meurthe-et-Moselle) par M. G. Charpentier, en 1883.

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