Akirill.com

L’Arbre qui Chante, l’Oiseau qui Parle et l’Eau d’Or

Contes Français

Les Contes et Chansons Populaires Recueillis par E. Henry Carnoy

Télécharger PDF

Littérature françaiseLivres pour enfants – Tous nos contes francais – Contes Populaire Français
< < < L’Ami Joseph
L’Attente  > > >

L’Arbre qui Chante, l’Oiseau qui Parle et l’Eau d’Or

(Provence)

Un roi mourut laissant trois enfants, une fille appelée Marie, et deux garçons nommés, le premier Louis, et le second René.

Ces trois enfants vivaient avec la reine, leur mère, malade depuis longtemps.

Tous les médecins de la cour, puis tous ceux de la France et de l’étranger, avaient été appelés pour essayer de guérir la reine.

Les uns avaient ordonné des tisanes faites avec les plantes des bois et des marais ; d’autres avaient recommandé des pèlerinages dans toutes les chapelles des environs, mais personne n’avait réussi à diminuer le mal dont souffrait la reine.


On en vint à appeler les magiciens, puis les sorciers; tous y perdirent leur latin.

Mais un jour un étranger passa par la ville et apprit dans une hôtellerie que la femme du roi défunt se mourait d’une maladie incurable. Cet étranger demanda à voir la reine, et il lui dit :


« Il n’y a qu’un moyen de vous guérir, c’est de réussir à vous procurer ces trois choses merveilleuses que délient un grand magicien du pays du « Vent-de-Bise » et qui se nomment l’ Arbre qui Chante, l’Oiseau qui Parle et l’Eau d’Or.

L’Arbre qui Chante est un arbre merveilleux dont les feuilles rendent une musique divine; l’Oiseau qui Parle est un grand oiseau bleu qui nuit et jour raconte toutes sortes d’histoires intéressantes; quand à l’Eau d’Or, c’est une eau qui a le privilège de guérir toutes sortes de maladies et de faire cesser les enchantements. Envoyez à la recherche de l’Arbre, de l’Oiseau et de l’Eau, et vous guérirez aussitôt. Mais je dois vous prévenir qu’il est fort difficile de s’en emparer, du moins à ce que j’ai entendu rapporter. »


La reine récompensa magnifiquement l’inconnu, et s’occupa d’envoyer à la recherche des trois choses merveilleuses.


Elle fit appeler les plus vaillants chevaliers du royaume, mais tous refusèrent d’entreprendre une pareille expédition.


« Puisqu’il en est ainsi, dit alors Louis, l’aîné des enfants de la reine, j’irai seul à la recherche de l’Arbre qui Chante, de l’Oiseau qui Parle et de l’Eau d’Or.

Dès demain je partirai. Si, dans trois mois, je ne suis pas revenu, c’est qu’il me sera arrivé malheur. -»


Le lendemain, monté sur le meilleur des trois chevaux de son père, et muni d’armes et d’argent, le prince Louis se mit en route pour le pays du Vent-de-Bise.

A chaque nuit, il s’arrêiait dans les hôtelleries et demandait s’il ne se trompait
pas de chemin.

Et partout on lui disait que non.


Au bout de huit jours, il arriva dans une grande plaine déserte ; pas d’arbres, pas de maisons, pas de cabanes, rien, si ce n’est de grands rochers alignés dans le lointain.

Et cependant, tout autour de lui, il entendait des gens qui riaient et qui disaient :


A quoi bon, prince Louis? Tu ne reviendras pas de ton voyage. A quoi bon? A quoi bon? »


Impatienté, le prince lança son cheval au galop dans la direction des rochers ; mais les voix le suivaient toujours, redisant :

A quoi bon? A quoi bon ? »


Tout à coup il entendit derrière lui le galop d’un autre cheval.

Il se retourna et aperçut un grand vieillard portant une longue barbe blanche qui lui descendait jusqu’à la ceinture.


« Que me voulez-vous, vieillard ?


— Oh! peu de chose : vous demander où vous vous rendez au grand galop par cette plaine déserte?


— Ma mère, la reine de France, est malade, et je vais au pays du Vent-de-Bise enlever à un enchanteur trois choses qui doivent rendre la santé à ma mère : l’Arbre qui Chante, l’Oiseau qui Parle et l’Eau d’Or.


— Savez- vous, jeune homme, que cette entreprise est fort périlleuse. Ces rochers que vous voyez là-bas ne sont autre chose que les chevaliers qui, comme vous, sont allés à la recherche des trésors de l’enchanteur et qui ont été métamorphosés en pierres.

Vous m’intéressez, et je veux bien vous aider.

Voici ce qu’il vous faut faire.

Arrivé près des cavaliers de pierre, vous vous entendrez appeler par votre nom : vous ne répondrez pas; on vous frappera, on vous crachera au visage : vous ne détournerez même pas la tête.

En suivant cette recommandation, vous arriverez sain et sauf auprès des trésors du magicien. »


Le prince Louis remercia le vieillard, et reprit sa route.

Il ne tarda pas à passer auprès des rochers qu’on lui avait signalés.


« Prince Louis, prince Louis, où allez-vous ainsi? » disaient des centaines de voix.

Mais le jeune homme ne leur répondit pas.

Plus loin il entendit des cris de colère, des jurements; puis on le frappa, on lui cracha au visage.

Il n’y put tenir plus longtemps, et, oubliant la recommandation du vieillard, il se retourna sur son cheval, et se trouva à l’instant changé en pierre.


Les trois mois s’écoulèrent, et, bien entendu, le prince Louis ne revint pas du pays du Vent-de-Bise.

Son frère René dit adieu à sa mère et à sa sœur Marie, monta sur le meilleur des deux chevaux restants, et partit à la recherche de Louis et des trois objets merveilleux.


Comme son frère, il arriva au bout de huit jours dans la grande plaine déserte, et il entendit les mêmes voix qui lui disaient :

« A quoi bon? A quoi bon, prince René? »

Mais il passa outre, et il trouva le vieillard qui lui recommanda expressément de ne pas se retourner lorsqu’il serait au milieu des rochers.

Arrivé là, il supporta d’abord les insultes dont on l’accablait, puis il n’y tint plus, se retourna et se trouva changé en pierre comme son frère l’avait été.

Au bout des trois mois, Marie, la fille de la reine, prit le dernier cheval, et, habillée en paysanne, se dirigea vers le pays du Vent-de-Bise.

Elle s’arrêtait la nuit dans les fermes, et couchait sur une botte de paille dans la grange ou à côté des vaches et des moutons.

Elle mit trois semaines pour arriver à la plaine déserte.


«Où vas-tu, gentille princesse? Où vas-tu? A quoi bon ton voyage? A quoi bon ? A quoi bon? » disaient toujours les voix.


Le vieillard la rejoignit, et lui recommanda de ne point se détourner quoi qu’il pût lui arriver.


Marie le promit et marcha résolument vers les rochers.


Elle s’entendit injurier par des milliers d’êtres invisibles qui la frappèrent, lui lancèrent des pierres et lui crachèrent au visage.

Marie les laissa dire et faire, et ne tarda pas à retrouver le vieillard déjà rencontré, qui lui indiqua où se trouvaient l’Arbre qui Chante, l’Oiseau qui Parle et l’Eau d’Or.


« Voici la fontaine à l’Eau d’Or, rçmplis-en ta gourde, et lorsque tu arriveras auprès des rochers de tout à l’heure, jette une goutte du liquide sur chacun d’eux, et tu verras des choses extraordinaires.

Pour l’Oiseau qui Parle, enlève-le avec sa cage qui justement est suspendue au-dessous de l’Arbre qui Chante.

Coupe une seule branche de cet arbre, et tu la replanteras dans le jardin de ta mère. »


Le vieillard laissa là Marie qui se hâta de prendre le rameau, la cage et l’Eau d’Or.

Quand elle fut revenue parmi les rochers, elle jeta une goutte de son eau sur chacun d’eux, et les cavaliers, les seigneurs, les princes, les rois que le géant avait changés en pierres reprirent leur première forme.

Louis et René revinrent à la cour avec leur sœur, qui avait refusé d’épouser l’un des princes qu’elle avait rendus à la vie.


Grâce aux trois objets merveilleux, la reine fut bientôt revenue à la santé, et partout l’on disait que Marie était le modèle des filles bonnes et sages. Un an après elle se maria avec le vieillard rencontré au pays du Vent-de-Bise, et l’on dit que, le mariage achevé, l’époux se transforma en un prince jeune et beau qui fit le bonheur de la princesse sa femme.


Conté en 1883, par M. Mareux Georges.

Littérature françaiseLivres pour enfants – Tous nos contes francais – Contes Populaire Français
< < < L’Ami Joseph
L’Attente  > > >

If you liked this site, subscribe , put likes, write comments!

Share on social networks

© 2023 Akirill.com – All Rights Reserved


Détenteurs de droits d’auteur –  Special copyrights 

Leave a comment