Contes Français
Les Contes et Chansons Populaires Recueillis par E. Henry Carnoy
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Le Loup et Le Renard
(ile-dk-france)

Un pauvre homme avait trois chèvres : pendant Tété et l’automne, il les conduisait par les champs et par la lisière des bois, et les trois animaux pouvaient tant bien que mal trouver leur nourriture.
Mais quand vint l’hiver, le paysan dut vendre deux de ses chèvres.
Il garda la plus petite et l’attacha dans son jardin.
Chaque jour il lui portait quelque peu de pain afin de l’empêcher de mourir.
La chèvre eût bien voulu être libre et courir par la forêt voisine, elle voyait les sapins tout verts et se figurait que la bonne herbe tendre devait pousser là-haut ; aussi se promit-elle de s’enfuir bientôt.
Elle rongea son lien et par une belle après-midi franchit la haie qui la séparait de la campagne. Notre chèvre était bien heureuse de courir à son aise et de brouter les quelques plantes que les froids hâtifs avaient épargnées.
Par malheur, Compère Renard l’aperçut et alla prévenir le Loup :
La chèvre du père Mathieu s’est enfuie ; veux-tu la croquer ?
— Comment donc? mais il y a deux jours que je n’ai mangé. Où est- elle? j’y cours.
— Nous partagerons la bête?
— Oui, oui, c’est convenu. »
Compère Renard et Compère Loup se jetèrent sur la chèvre et la tuèrent.
Nous allons la manger tout de suite, dit le Loup.
— Non, répondit le Renard; il faut l’aller faire cuire chez toi. Ce sera bien meilleur ; nous en ferons une bonne soupe.
— Tu as raison, Compère Renard.»
Le Loup et le Renard prirent la chèvre et remportèrent à la maison du Loup.
On alluma un grand feu dans la cheminée, Compère Loup tira de l’eau, en remplit la marmite et mit à cuire la chèvre du père Mathieu.
Quand la soupe eut bien bouilli, il fallut écumer le pot au feu.
Prends l’écumoire, Compère Renard, et écume la soupe.
— Prends-la toi, car je n’y vois pas trop. »
Le Loup prit l’écumoire et enleva l’écume dans la marmite.
Alors, Compère Renard saisit Compère Loup par la queue et le jeta dans la soupe bouillante.
Puis il s’en alla bien content pensant le Loup mort.
Mais il n’en était rien; le Loup sortit de la marmite et au bout de huit jours il était guéri.
« Ah! se disait-il, si je peux rattraper ce vilain Renard, il me le payera cher ! »
Effectivement, le Renard passa près de lui.
« Halte-là, ami Renard ; tu m’as jeté dans la marmite et je vais te manger.
— Mais pourquoi? Je n’avais pas faim et j’ai voulu te donner la soupe pour toi seul.
— Ah! pardon alors, donne-moi la patte!
— Volontiers ! Et pour te montrer mon amitié, je te dirai qu’il y a là-bas une autre chèvre bien plus grasse que la première. Courons la prendre et nous reviendrons la faire cuire.
— Oui, mais tu ne me jetteras plus dans la soupe ?
Non, je te le promets. »
La bête fut prise et mise à cuire, et cette fois encore, maître Loup fut jeté dans la marmite et il put en sortir.
Quinze jours plus tard, nouvelle rencontre du Renard.
« Cette fois, je vais te croquer, Compère Renard!
— Et pourquoi donc, ami Loup?
— Pour m’avoir jeté dans la marmite.
— C’est que je songeais à ma femme qui était malade et que j’avais oublié ta recommandation.
— Dis-tu vrai? Alors faisons la paix.
.— Oui, et d’autant plus qu’il y a là-bas une belle chèvre qui se promène. »
La troisième chèvre fut prise et mise à cuire et encore le Loup alla dans la marmite.
Lorsque le Renard fut rencontré par le Loup il eut bien peur.
Il voulut s’enfuir mais son compère l’attrapa et se prépara à le manger.
Je veux bien que tu me croques, Compère Loup, mais je voudrais auparavant aller à la messe ?
— Et que faire à là messe?
— Prier le bon Dieu pour qu’il m’ouvre le Paradis.
— Alors je ne te refuse pas. »
Le Loup et le Renard coururent au village et entrèrent dans l’église.
Ah ! Compère Loup, il n’y a pas de sonneurs pour annoncer que je fais pénitence.
Veux-tu sonner les cloches ?
— Tout de même, mais je ne sais pas tirer la corde.
— Ce n’est rien; je vais te mettre la corde après la queue et tu tireras d’avant et d’arrière comme ceci. »
Le Renard attacha la corde à la queue du Loup et se mit à mettre les cloches à branle, puis il lâcha le tout.
Le pauvre Loup étant tiré par la corde, montait à quinze pieds et retombait tout moulu.
Cela dura cinq minutes.
Ce temps écoulé, les cloches s’arrêtèrent et le Loup put ronger la corde et se mettre à la poursuite du Renard qui avait pris la clef des champs.
Sous un buisson, le compère s’était caché.
Ah! te revoilà, Compère Renard.
Viens que je te mange!
— Ne pourrais- tu pas attendre jusqu’à ma maison, afin que je fasse mon testament et que j’embrasse une dernière fois ma femme et mes enfants ?
— Tout de même; mais faisons diligence! »
On arriva devant la maison du Renard.
« N’entre pas, Compère Loup, ma femme est à la mort et tu lui ferais si peur qu’elle en mourrait de suite.
— Je veux bien ! j’attendrai sur le seuil.»
Compère Renard ferma aux verrous la porte de maison et se crut sauvé.
Mais le Loup, monta sur le toit et jeta des briques par la cheminée.
Merci bien, ami Loup, de m’envoyer des briques; j’en ferai un mur à mon jardin ! »
Le Loup prit de l’eau à la rivière et vint la verser par la cheminée.
Merci bien, ami Loup, de m’envoyer de l’eau; j’ai couru beaucoup et je me mourais de soif! »
Cette fois, le Loup voulût brûler la maison et il jeta beaucoup de feu au Renard.
Et celui-ci criait toujours :
Merci bien, ami Loup, de m’envoyer du feu; hou! hou! hou! j’avais froid et il n’y a pas de bois à la maison.
Tu ferais mieux de descendre par la cheminée. »
Le compère descendit et fut enfourché par le malin Renard qui le fit cuire à la broche et le mangea.
(Conté en 1883 par M. Charles Garnier, à Paris.)

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