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Les Bêtes du Meunier et les Loups

Contes Français

Les Contes et Chansons Populaires Recueillis par E. Henry Carnoy

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Les Bêtes du Meunier et les Loups
(PICARDIE)


Entre Harponville et Warloy était bâti autrefois un moulin qui appartenait à
un batteur d’huile vieux comme les rues et pauvre à rendre des points à Lazare.

Depuis longtemps le moulin s’était détraqué et l’on n’apportait plus les œillettes des environs pour en faire extraire l’huile.

Pas d’ouvrage, pas d’argent; pas d’argent, pas de pain et misère complète.

C’était le chemin qu’avait suivi le vieux Michel.

Ce qui lui faisait le plus de peine dans sa détresse, c’était de ne pouvoir nourrir comme par le passé son âne, son chat, son chien, son coq et son canard qu’il aimait plus que lui-même.

Aussi un jour, il ouvrit la porte de sa cabane et mit tous ses animaux en liberté.


« Mes pauvres bêtes, dit-il, il n’y a plus de foin pour l’âne à l’écurie, je n’ai pas de pain pour le chien et le chat, pas d’orge pour le coq et le canard, je ne veux pas vous laisser mourir de faim; le bois de Vadencourt est proche; vous y trouverez un abri pour la nuit et sans doute la nourriture qui vous est nécessaire. »


Le batteur d’huile était bien triste de perdre ses bêtes, et ses bêtes étaient bien peinées de quitter leur vieux maître.

Enfin, après force pleurs et adieux de chaque côté, le batteur d’huile ferma la porte et les animaux s’éloignèrent.


Us arrivèrent dans le bois auprès d’une cabane où étaient une dizaine de loups.


« Quoi faire? se demandèrent les bêtes du meunier.


— Si vous m’en croyez, dit l’Ane, nous allons nous mettre à pousser chacun quelques éclats de voix, après nous être cachés dans un buisson.


Nous ferons sauver les loups et nous aurons la cabane pour y passer la nuit.


— C’est cela! C’est cela! dirent les animaux. »


Et aussitôt ils s’enfoncèrent dans un fourré et chantèrent chacun à sa façon.

Hi ! Han ! hi ! han ! fit l’Ane d’une voix de tonnerre.

— Miaou ! Miaou ! fit le Chat.


— Aou! Aou! Aou! dit le Chien.


— Coquiacou! Coquiacou! éclata le Coq.


— Can ! Can ! Can ! Can ! ajouta le Canard .


Effrayés de ce vacarme épouvantable , les loups, croyant avoir mille légions de diables à leurs trousses, quittèrent la maison et s’enfuirent tout au loin.


Bien joyeuses les bêtes du moulin entrèrent dans la cabane et mangèrent à la santé des loups d’un excellent repas préparé par ces derniers.


Lorsqu’ils eurent bien mangé, ils songèrent à se reposer.

L’ Ane se coucha près de la porte, le Chat sur l’armoilette, le Chien sur le fumier de la cour, le Coq sur la cheminée, le Canard sur le buffet.

Les loups étaient enfin revenus de leur frayeur.


Ils chargèrent un des rusés de la bande d’aller en éclaireur voir par lui-même quelle était la cause du concert qui les avait interrompus dans leur fête.

Le Loup partit, fouilla partout et arriva à la maison. N’entendant aucun bruit, il entra.

L’Ane l’apercevant lui envoya un grand coup de pied en passant; le Chat lui donna un coup de griffe, le Coq lui fit c… dans l’œil, le Canard poussa un formidable can! can! et comme il passait près du fumier en se sauvant le Chien lui mordit la cuisse.


Retourné auprès de ses compagnons et interrogé par eux, le Loup raconta qu’une bande nombreuse de gens s’était établie dans la cabane.


« Jugez-en, ajouta-t-il; en entrant, un forgeron m’a donné un coup de marteau, un savetier m’a piqué d’un paquet d’alênes, un maçon réparant la cheminée m’a jeté du mortier dans l’œil, et comme je m’échappais, un journalier m’a frappé d’un coup de fourche, tandis qu’un autre homme criait à tue-tête : Attends! Attends! »


Plus épouvantés que jamais, les loups se sauvèrent bien loin et ne revinrent jamais au bois de Vadencourt.

Le lendemain, le Chat trouva la bourse des loups et, de compagnie, nos cinq animaux allèrent la porter à leur vieux maître, le batteur d’huile du moulin, avec qui depuis ce jour ils vécurent heureux, mangeant à discrétion et s’égaudissant fort lorsque l’Ane ou le Canard faisait le récit de la journée passée dans le bois de Vadencourt, à la cabane aux loups.


(Conté en 1878, à Mailly-de-la-Somme, par M. Alphonse Maison.)

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