Premières Poésies
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À quoi rêvent les jeunes filles
Comédie
PERSONNAGES
Le duc LAËRTE.
Le comte IRUS, son neveu.
SILVIO.
NINON, jumelles, filles du duc Laërte
NINETTE, ««
FLORA, servante.
SPADILLE, domestique.
QUINOLA, domestique.
La scène est où l’on voudra.
Acte premier
Scène I
***
Une chambre à coucher.
NINON, NINETTE.
Ninette.
Onze heures vont sonner. — Bonsoir, ma chère sœur.
Je m’en vais me coucher.
Ninon.
Bonsoir. Tu n’as pas peur
De traverser le parc pour aller à ta chambre ?
Il est si tard ! — Veux-tu que j’appelle Flora ?
Ninette.
Pas du tout. — Mais vois donc quel beau ciel de septembre !
D’ailleurs, j’ai Bacchanal qui m’accompagnera.
Bacchanal ! Bacchanal !
(Elle sort en appelant son chien.)
Ninon, s’agenouillant à son prie-Dieu.
O Christe ! dum fixus cruci
Expandis orbi brachia,
Amare da crucem, tuo
Da nos in amplexu mori.
(Elle se déshabille.)
Ninette, rentre épouvantée, et se jetant dans un fauteuil.
Ma chère, je suis morte !
Ninon.
Qu’as-tu ? qu’arrive-t-il ?
Ninette.
Je ne peux plus parler.
Ninon.
Pourquoi ? mon Dieu ! je tremble en te voyant trembler.
Ninette.
Je n’étais pas, ma chère, à trois pas de ta porte ;
Un homme vient à moi, m’enlève dans ses bras,
M’embrasse tant qu’il peut, me repose par terre,
Et se sauve en courant.
Ninon.
Ah ! mon Dieu ! comment faire ?
C’est peut-être un voleur.
Ninette.
Oh ! non, je ne crois pas.
Il avait sur l’épaule une chaîne superbe,
Un manteau d’Espagnol, doublé de velours noir,
Et de grands éperons qui reluisaient dans l’herbe.
Ninon.
C’est pourtant une chose étrange à concevoir,
Qu’un homme comme il faut tente une horreur semblable.
Un homme en manteau noir, c’est peut-être le diable.
Oui, ma chère. Qui sait ? Peut-être un revenant.
Ninette.
Je ne crois pas, ma chère : il avait des moustaches.
Ninon.
J’y pense, dis-moi donc, si c’était un amant !
Ninette.
S’il allait revenir ! — Il faut que tu me caches.
Ninon.
C’est peut-être papa qui veut te faire peur.
Dans tous les cas, Ninette, il faut qu’on te ramène.
Holà ! Flora, Flora ! reconduisez ma sœur.
(Flora paraît sur la porte.)
Adieu, va, ferme bien ta porte.
Ninette.
Et toi la tienne.
(Elles s’embrassent. Ninette sort avec Flora.)
Ninon, seule, mettant son verrou.
Des éperons d’argent, un manteau de velours !
Une chaîne ! un baiser ! — C’est extraordinaire.
(Elle se décoiffe.)
Je suis mal en bandeaux ; mes cheveux sont trop courts.
Bah ! j’avais deviné ! — C’est sans doute mon père.
Ninette est si poltronne ! — Il l’aura vu passer.
C’est tout simple, sa fille, il peut bien l’embrasser.
Mes bracelets vont bien.
(Elle les détache.)
Ah ! demain, quand j’y pense,
Ce jeune homme étranger qui va venir dîner !
C’est un mari, je crois, que l’on veut nous donner.
Quelle drôle de chose ! Ah ! j’en ai peur d’avance.
Quelle robe mettrai-je ?
(Elle se couche.)
Une robe d’été ?
Non, d’hiver ; cela donne un air plus convenable.
Non, d’été ; c’est plus jeune et c’est moins apprêté.
On le mettra sans doute entre nous deux à table.
Ma sœur lui plaira mieux. — Bah ! nous verrons toujours.
— Des éperons d’argent ! — un manteau de velours !
Mon Dieu ! comme il fait chaud pour une nuit d’automne.
Il faut dormir, pourtant. — N’entends-je pas du bruit ?
C’est Flora qui revient ; — non, non, ce n’est personne.
Tra la, tra deri da. — Qu’on est bien dans son lit !
Ma tante était bien laide avec ses vieux panaches,
Hier soir à souper. — Comme mon bras est blanc !
Tra deri da. — Mes yeux se ferment. — Des moustaches…
Il la prend, il l’embrasse et se sauve en courant.
(Elle s’assoupit. — On entend par la fenêtre le bruit d’une guitare
et une voix.)
— Ninon, Ninon, que fais-tu de la vie ?
L’heure s’enfuit, le jour succède au jour.
Rose ce soir, demain flétrie.
Comment vis-tu, toi qui n’a pas d’amour ?
Ninon, s’éveillant.
Est-ce un rêve ? J’ai cru qu’on chantait dans la cour ?
La Voix, au dehors.
Regarde-toi, la jeune fille.
Ton cœur bat et ton œil pétille.
Aujourd’hui le printemps, Ninon, demain l’hiver.
Quoi ! tu n’as pas d’étoile, et tu vas sur la mer !
Au combat sans musique, en voyage sans livre !
Quoi ! tu n’as pas d’amour, et tu parles de vivre !
Moi, pour un peu d’amour je donnerais mes jours ;
Et je les donnerais pour rien sans les amours.
Ninon.
Je ne me trompe pas ; — singulière romance !
Comment ce chanteur-là peut-il savoir mon nom ?
Peut-être sa beauté s’appelle aussi Ninon.
La Voix.
Qu’importe que le jour finisse et recommence,
Quand d’une autre existence
Qu’importeLe cœur est animé ?
Ouvrez-vous, jeunes fleurs. Si la mort vous enlève,
La vie est un sommeil, l’amour en est le rêve,
Et vous aurez vécu, si vous avez aimé.
Ninon, soulevant sa jalousie.
Ses éperons d’argent brillent dans la rosée ;
Une chaîne à glands d’or retient son manteau noir.
Il relève en marchant sa moustache frisée. —
Quel est ce personnage et comment le savoir ?
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