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Comédie: “À quoi rêvent les jeunes filles” d’Alfred de Musset

Premières Poésies

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À quoi rêvent les jeunes filles

Acte premier

Scène III

***

Le jardin du duc.

NINON, NINETTE, dans deux bosquets séparés.

Ninon.

Cette voix retentit encore à mon oreille.

Ninette.

Ce baiser singulier me fait encor frémir.

Ninon.

Nous verrons cette nuit ; il faudra que je veille.

Ninette.

Cette nuit, cette nuit, je ne veux pas dormir.

Ninon.

Toi dont la voix est douce, et douce la parole,
Chanteur mystérieux, reviendras-tu me voir ?
Ou, comme en soupirant l’hirondelle s’envole,
Mon bonheur fuira-t-il, n’ayant duré qu’un soir ?

Ninette.

Audacieux fantôme à la forme voilée,
Les ombrages ce soir seront-ils sans danger ?
Te reverrai-je encor dans cette sombre allée,
Ou disparaîtras-tu comme un chamois léger ?

Ninon.

L’eau, la terre et les vents, tout s’emplit d’harmonies.
Un jeune rossignol chante au fond de mon cœur.
J’entends sous les roseaux murmurer des génies…
Ai-je de nouveaux sens inconnus à ma sœur ?

Ninette.

Pourquoi ne puis-je voir sans plaisir et sans peine
Les baisers du zéphyr trembler sur la fontaine,
Et l’ombre des tilleuls passer sur mes bras nus ?
Ma sœur est une enfant, — et je ne le suis plus.

Ninon.

Ô fleurs des nuits d’été, magnifique nature !
Ô plantes ! ô rameaux, l’un dans l’autre enlacés !

Ninette.

Ô feuilles des palmiers, reines de la verdure,
Qui versez vos amours dans les vents embrasés !

Silvio, entrant.

Mon cœur hésite encor ; — toutes les deux si belles !
Si conformes en tout, si saintement jumelles !
Deux corps si transparents attachés par le cœur !
On dirait que l’aînée est l’étui de sa sœur.
Pâles toutes les deux, toutes les deux craintives,
Frêles comme un roseau, blondes comme les blés ;
Prêtes à tressaillir, comme deux sensitives,
Au toucher de la main. — Tous mes sens sont troublés.
Je n’ai pu leur parler, — j’agissais dans la fièvre ;
Mon âme à chaque mot arrivait sur ma lèvre.
Mais elles, quel bon goût ! quelle simplicité !
Hélas ! je sors d’hier de l’université.

(Entrent Laërte, et Irus un cigare à la bouche.)

Laërte.

Eh bien ! notre convive, où ces dames sont-elles ?

Irus.

Quoi ! vous sortez de table, et vous ne fumez pas ?

Silvio, embrassant Laërte.

Ô mon père ! ô mon duc ! Je ne puis faire un pas.
Tout mon être est brisé.

(Ninon et Ninette paraissent.)

Irus.

Voilà ces demoiselles.
Ninon, ma barbe est fraîche, et je vais t’embrasser.

(Ninon se sauve. — Irus court après elle.)

Laërte.

Ne sauriez-vous Irus, dîner sans vous griser ?

(Ils sortent en se promenant.)



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George Sand. Portrait by A. de Musset. 1833

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