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Comédie: “À quoi rêvent les jeunes filles” d’Alfred de Musset

Premières Poésies

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À quoi rêvent les jeunes filles

Acte Second

Scène II

***

Une terrasse.

NINON, NINETTE, en déshabillé.

Ninon.

Que fais-tu là si tard, ma petite Ninette ?
Il est temps de dormir. — Tu prendras le serein.

Ninette.

Je regardais la lune en mettant ma cornette.
Que d’étoiles au ciel ! — Il fera beau demain.

Ninon.

Traderi.

Ninette.

Que dis-tu ?

Ninon.

C’est une contredanse.
Traderi. — Sans amour… Ah ! ma chère romance !

Ninette.

Va te coucher, Ninon ; je ne saurais dormir.

Ninon.

Ma foi, ni moi non plus.

(À part.)

Il n’aurait qu’à venir.

Ninette, chantant.

Léonore avait un amant
Qui lui disait : Ma chère enfant…

Ninon.

Je crains vraiment pour toi que le froid ne te prenne.

Ninette.

J’étouffe de chaleur.

(À part.)

Je tremble qu’il ne vienne.

Ninon, continuant la chanson.

Qui lui disait : Ma chère enfant…

Ninette.

Je crois que son dessein est de coucher ici.

Ninon.

On monte l’escalier ; mon Dieu ! si c’était lui !

Ninette, reprenant.

Léonore avait un amant…

Ninon.

Elle ne songe pas à me céder la place.
S’il allait arriver !

Ninette.

Ma chère sœur, de grâce,
Va-t’en te mettre au lit.

Ninon.

Pourquoi ? Je suis très bien.
Écoute : — promets-moi que tu n’en diras rien ;
Je vais te confier…

Ninette.

Il faut que je t’avoue…

Ninon.

Jure-moi sur l’honneur…

Ninette.

Garde-moi le secret.

Ninon.

Tiens, ouvre cette lettre.

Ninette.

Et toi, lis ce billet.

Ninon, lisant.

« Si l’amour peut faire excuser la folie, au nom du ciel, ma belle demoiselle, accordez-moi… »

Ninette, lisant.

« Si l’amour peut faire excuser la folie, au nom du ciel, ma chère demoiselle… »

Toutes deux, à la fois

Grand Dieu ! le même nom !

Ninette.

Ma chère, l’on nous joue !

Ninon.

Quelle horreur !

Ninette.

J’en mourrai.

Ninon.

Faut-il être effronté !

Ninette.

Flora me paiera cher pour l’avoir apporté !

Ninon.

Ce beau collier sans doute était sa récompense.
Hélas !

Ninette.

Hélas !

Ninon.

Ma chère, à présent que j’y pense,
C’est lui qui t’a suivie, hier, au parc anglais.

Ninette.

C’était lui qui chantait.

Ninon.

Tu le sais ?

Ninette.

J’écoutais.

Ninon.

Je le trouvais si beau !

Ninette.

Je l’avais cru si tendre !

Ninon.

Nous lui dirons son fait, ma chère, il faut l’attendre.

Ninette.

Je veux bien ; restons là.

Ninon.

Comment crois-tu qu’il soit ?

Ninette.

Brun, avec de grands yeux. Il n’a pas ce qu’il croit ;
Nous allons nous venger de la belle manière.

Ninon.

Brun, mais pâle. Je crois que c’est un mousquetaire.
Nous allons joliment lui faire la leçon.

Ninette.

Bien tourné, la main blanche et de bonne façon.
C’est un monstre, ma chère, un être abominable !

Ninon.

Les dents belles, l’œil vif. — Un monstre véritable.
Quant à moi, je voudrais déjà qu’il fût ici.

Ninette.

Et le parler si doux ! — Je le voudrais aussi.

Ninon.

Pour lui dire en deux mots…

Ninette.

Pour lui pouvoir apprendre…

Ninon.

Et l’air si langoureux qu’on pourrait s’y méprendre !…

Ninette.

Ah ! mon Dieu, quelqu’un vient ; j’ai cru que c’était lui.

Ninon.

C’est lui, c’est lui, ma chère.
Silvio entre, le visage couvert de son manteau et l’épée à la main.

Ninette, voyant qu’il hésite.

Entrez donc par ici !
Irus entre, l’épée à la main, d’un côté ; le duc Laerte de l’autre.

Irus.

Holà ! quel est ce bruit !

Laerte.

Holà ! quel est cet homme ?

Laërte et Silvio croisent l’épée.

Irus, s’interposant.

Monsieur, demandez-lui s’il est bon gentilhomme.

Laerte, donnant dans l’obscurité un coup de plat d’épée à Irus.

Non, non, c’est un voleur !

Irus, tombant.

Aïe ! aïe ! il m’a tué.

Flora jette par la fenêtre un seau d’eau sur la tête d’Irus.

Au secours ! on m’inonde. Ah ! je suis tout mouillé !

Laërte et Silvio se retirent.

Ninon.

Qu’est devenu Silvio ?

Ninette.

Je ne vois pas mon père.

Elles cherchent et rencontrent Irus.

toutes les deux.

À l’assassin ! au meurtre ! un homme est là par terre.

Elles se sauvent.

Irus, seul, couché.

Oui, oui, n’attendez pas que j’aille me lever ;
Si je disais un mot, ils viendraient m’achever.
Flora entré dans l’obscurité ; elle rencontre Irus, qu’elle prend pour Silvio.

Flora.

Êtes-vous là, seigneur Silvio ?

Irus, à part.

Laissons-la croire.
C’est moi ! je suis Silvio.

Flora, reconnaissant Irus.

Vous avez donc reçu
Quelque coup de rapière ? Entrez dans cette armoire,
(Elle le pousse dans une fenêtre ouverte.)

Ninette, rencontrant Silvio au fond du balcon.

Entrez dans cette chambre, ou vous êtes perdu.

(Elle l’enferme dans sa chambre.)



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George Sand. Portrait by A. de Musset. 1833

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