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Conte Oriental: “Namouna” d’Alfred de Musset

Premières Poésies

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Chant premier I – X , XI – XX , XXI – XXX , XXXI – XL , XLI – L , LI – LX , LXI – LXX , LXXI – LXXVIII , Chant deuxième I – X , XI – XX , XXI – XXX , XXXI – XL , XLI – L , LI – LV , Chant troisième I – XIV


Namouna

***

XXXI

Quatre filles de prince ont demandé sa main.
Sachez que s’il voulait la reine pour maîtresse
Et trois palais de plus, il les aurait demain ;
Qu’un juif deviendrait chauve à compter sa richesse,
Et qu’il pourrait jeter, sans que rien en paraisse
Les blés de ses moissons aux oiseaux du chemin.

XXXII

Eh bien ! cet homme-là vivra dans les tavernes
Entre deux charbonniers autour d’un poêle assis ;
La poudre noircira sa barbe et ses sourcils ;
Vous le verrez un jour, tremblant et les yeux ternes,
Venir dans son manteau dormir sous les lanternes,
La face ensanglantée et les coudes noircis.

XXXIII

Vous le verrez sauter sur l’échelle dorée,
Pour courir dans un bouge au sortir d’un boudoir,
Portant sa lèvre ardente à la prostituée,
Avant qu’à son balcon done Elvire éplorée,
Dans la profonde nuit croyant encor le voir,
Ait cessé d’agiter sa lampe et son mouchoir.

XXXIV

Vous le verrez, laquais pour une chambrière,
Cachant sous ses habits son valet grelottant ;
Vous le verrez, tranquille et froid comme une pierre,
Pousser dans les ruisseaux le cadavre d’un père,
Et laisser le vieillard traîner ses mains de sang
Sur des murs chauds encor du viol de son enfant.

XXXV

Que direz-vous alors ? Ah ! vous croirez peut-être
Que le monde a blessé ce cœur vaste et hautain,
Que c’est quelque Lara qui se sent méconnaître,
Que l’homme a mal jugé, qui sait ce qu’il peut être,
Et qui, s’apercevant qu’il le serait en vain,
Rend haine contre haine et dédain pour dédain.

XXXVI

Eh bien ! vous vous trompez. — Jamais personne au monde
N’a pensé moins que lui qu’il était oublié.
Jamais il n’a frappé sans qu’on ne lui réponde ;
Jamais il n’a senti l’inconstance de l’onde,
Et jamais il n’a vu se dresser sous son pied
Le vivace serpent de la fausse amitié.

XXXVII

Que dis-je ? tel qu’il est, le monde l’aime encore ;
Il n’a perdu chez lui ni ses biens ni son rang.
Devant Dieu, devant tous, il s’assoit à son banc.
Ce qu’il a fait de mal, personne ne l’ignore ;
On connaît son génie, on l’admire, on l’honore.
Seulement, voyez-vous, cet homme, c’est don Juan.

XXXVIII

Oui, don Juan. Le voilà, ce nom que tout répète,
Ce nom mystérieux que tout l’univers prend,
Dont chacun vient parler, et que nul ne comprend ;
Si vaste et si puissant qu’il n’est pas de poète
Qui ne l’ait soulevé dans son cœur et sa tête,
Et pour l’avoir tenté ne soit resté plus grand.

XXXIX

Insensé que je suis ! que fais-je ici moi-même ?
Était-ce donc mon tour de leur parler de toi,
Grande ombre, et d’où viens-tu pour tomber jusqu’à moi ?
C’est qu’avec leurs horreurs, leur doute et leur blasphème,
Pas un d’eux ne t’aimait, don Juan ; et moi, je t’aime
Comme le vieux Blondel aimait son pauvre roi.

XL

Oh ! qui me jettera sur ton coursier rapide,
Oh ! qui me prêtera le manteau voyageur [3],
Pour te suivre en pleurant, candide corrupteur !
Qui me déroulera cette liste homicide,
Cette liste d’amour si remplie et si vide,
Et que ta main peuplait des oublis de ton cœur !



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George Sand. Portrait by A. de Musset. 1833

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