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Conte Oriental: “Namouna” d’Alfred de Musset

Premières Poésies

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Chant premier I – X , XI – XX , XXI – XXX , XXXI – XL , XLI – L , LI – LX , LXI – LXX , LXXI – LXXVIII , Chant deuxième I – X , XI – XX , XXI – XXX , XXXI – XL , XLI – L , LI – LV , Chant troisième I – XIV


Namouna

***

XXXI

D’ailleurs, on verra bien, si peu qu’on me connaisse,
Que mon héros de moi diffère entièrement,
J’ai des prétentions à la délicatesse ;
Quand il m’est arrivé d’avoir une maîtresse,
Je me suis comporté très-pacifiquement
En honneur devant Dieu, je ne sais pas comment

XXXII

J’ai pu, tel que je suis, entamer cette histoire,
Pleine, telle qu’elle est, d’une atrocité noire.
C’est au point maintenant que je me sens tenté
De l’abandonner là pour ma plus grande gloire,
Et que je brûlerais mon œuvre, en vérité,
Si ce n’était respect pour la postérité.

XXXIII

Je disais donc qu’Hassan était natif de France ;
Mais je ne disais pas par quelle extravagance
Il en était venu jusqu’à croire, à vingt ans,
Qu’une femme ici-bas n’était qu’un passe-temps.
Quand il en rencontrait une à sa convenance,
S’il la gardait huit jours, c’était déjà longtemps.

XXXIV

On sent l’absurdité d’un semblable système,
Puisqu’il est avéré que lorsqu’on dit qu’on aime
On dit en même temps qu’on aimera toujours,
Et qu’on n’a jamais vu ni rois ni troubadours
Jurer à leurs beautés de les aimer huit jours.
Mais cet enfant gâté ne vivait que de crème.

XXXV

Je sais bien, disait-il, un jour qu’on en parlait,
Que les trois quarts du temps ma crème a le goût d’aigre.
Nous avons sur ce point un siècle de vinaigre,
Où c’est déjà beaucoup que de trouver du lait.
Mais toute servitude en amour me déplaît ?
J’aimerais mieux, je crois, être le chien d’un nègre,

XXXVI

Ou mourir sous le fouet comme un cheval rétif,
Que de craindre une jupe, et d’avoir pour maîtresse
Un de ces beaux geôliers, au regard attentif,
Qui, d’un pas mesuré marchant sur la souplesse,
Du haut de leurs yeux bleus vous promènent en laisse.
Un bâton de noyer, au moins, c’est positif.

XXXVII

On connaît son affaire, on sait à quoi s’attendre ;
On se frotte le dos, — on s’y fait par degré.
Mais vivre ensorcelé sous un ruban doré !
Boire du lait sucré dans un maillot vert tendre !
N’avoir à son cachot qu’un mur si délabré,
Qu’on ne s’y saurait même accrocher pour s’y pendre !

XXXVIII

Ajoutez à cela que, pour comble d’horreur,
La femme la plus sèche et la moins malhonnête
Au bout de mes huit jours trouvera dans sa tête,
Ou dans quelque recoin oublié de son cœur,
Un amant qui jadis lui faisait plus d’honneur,
Un cœur plus expansif, une jambe mieux faite,

XXXIX

Plus de douceur dans l’âme, ou de nerf dans les bras.
— Je rappelle au lecteur qu’ici comme là-bas
C’est mon héros qui parle, et je mourrais de honte
S’il croyait un instant que ce que je raconte
Ici plus que jamais ne me révolte pas. —
Or donc, disait Hassan, plus la rupture est prompte,

XL

Plus mes petits talents gardent de leur fraîcheur.
C’est la satiété qui calcule et qui pense.
Tant qu’un grain d’amitié reste dans la balance
Le souvenir souffrant s’attache à l’espérance,
Comme un enfant malade aux lèvres de sa sœur.
L’esprit n’y voit pas clair avec les yeux du cœur.



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George Sand. Portrait by A. de Musset. 1833

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