Œuvres posthumes
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Faustine
ACTE PREMIER
Scène V
***
LORÉDAN, FABRICE, MICHEL, VISCONTI, Suite.
Visconti.
C’est votre faute, seigneur, si je suis importun. Vous n’avez pas voulu me permettre de rien voir dans cette ville que j’aime tant avant ce que j’en aime le mieux.
Lorédan.
Soyez le bienvenu, marquis. Mettez votre main dans celle-ci, ni plus ni moins que si c’était la patte du lion de Saint-Marc en personne. Vous avez raison d’aimer vos amis.
Visconti.
De tout mon cœur… Jamais le lion de Saint-Marc ne fut plus grand qu’en ce moment. Pendant qu’il extermine les Génois à vos portes, ses pavillons couvrent toutes les mers, et, bien qu’on le voie immobile, le monde entier sait qu’il a des ailes.
Lorédan.
Vous savez que, pour un Vénitien, il n’y a pas de meilleur compliment que ceux qu’on adresse à Venise… Ah ça, dites-moi, êtes-vous las ? vous avez fait le chemin cette nuit ?
Visconti.
Oui, si court que soit un voyage, la fraîcheur de la nuit me plaît… Ce n’est pas, il est vrai, la coutume ; mais le soleil et la poussière me gâtent les plus belles routes.
Lorédan.
Cela est fort incommode, en effet.
Visconti.
Et, par un brillant clair de lune, notre belle Italie endormie me semble encore plus belle qu’éveillée.
Lorédan.
J’ai remarqué cela, et aussi que, la nuit, les gens de la suite vont plus vite ; ils s’arrêtent, en plein jour, au moindre village ; la peur les talonne dans l’obscurité.
Michel.
La peur, seigneur ?
Lorédan.
Eh ! oui, la peur… des voleurs, des spectres, que sais-je ? de ces petites flammes égrillardes qui dansent le soir sur les ruisseaux… Vous ne connaissez pas celui-là,En désignant Michel.
il ne veut pas que la peur existe.
Visconti.
Il doit cependant l’avoir eue sous les yeux… devant lui… durant cette guerre…
Michel.
Non, marquis, le seul mal qu’on puisse dire des Génois, c’est qu’ils sont vaincus.
Lorédan.
Et voilà l’autre mauvais sujet, En montrant Fabrice.
qui ne craint pas non plus la nuit, mais bien les seigneurs de la nuit… Il est fort heureux que Barratieri ait eu la glorieuse idée d’établir chez nous le règne des cornets… Méchant garçon !… Vous le voyez, marquis, je vous mets au courant des petits secrets de la famille, afin que vous ne vous trompiez pas de voisin quand vous y prendrez votre place.
Visconti.
La plus humble près de vous, seigneur, sera toujours la plus haute à mes yeux.
Lorédan.
Que nos projets puissent s’accomplir, vous n’aurez pas la plus mauvaise. Ma chère Faustine, seigneur Visconti…
Michel, bas, à Lorédan.
Mon père…
Lorédan.
Je n’en veux point parler… Son éloge dans ma bouche, je le sais très bien, Michel, aurait mauvaise grâce ; il serait malséant à un père de vanter ce qui fait la consolation et le charme de sa vieillesse. N’est-ce point votre avis, marquis ?
Visconti.
Non, seigneur ; à vous dire vrai, je pense là-dessus tout autrement ; s’agirait-il d’une princesse souveraine, la bénédiction d’un père m’a toujours semblé la plus belle couronne qu’une jeune fille puisse porter au front.
Lorédan.
Nous nous entendrons, je le vois, quitte à être grondés tous deux… Vous allez voir ma fille ; tout à l’heure je l’ai fait prévenir.
Fabrice.
Seigneur, je crains qu’il ne soit pas possible… en ce moment…
Lorédan.
Quoi ? qu’est-ce donc ?
Visconti.
Ne me laissez pas être deux fois indiscret, permettez que je me retire.
Lorédan.
Quoi donc ? est-ce qu’elle est malade ? Je viens de voir Nina, qui ne m’a rien dit. Réponds, Fabrice ; tu m’inquiètes. Est-ce quelque motif que j’ignore ?…
Fabrice, bas, à Michel.
Que va-t-il arriver ?
Michel, de même.
Que veux-tu que j’en sache ?
Lorédan.
Eh bien ! vous ne vous expliquez point ? Que veut dire cela ? Excusez-moi, marquis, mais je vais m’informer.
Il va pour entrer chez Faustine et s’arrête en la voyant.
Eh ! que rêvez-vous donc ? La voici elle-même.

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