Akirill.com

Poème: “À E***.” ( I et II) de Paul Verlaine

Dédicaces

Télécharger PDF

Littérature françaiseLivres bilinguesContes de fées et Livres d’enfantsPoésie FrançaisePaul VerlainePoèmes de Paul VerlaineDédicaces
< < < À une dame qui partait pour la Colombie
Anniversaire, à William Rothenstein > > >


À E***. ( I et II)

***

I

Lorsque nous allons chez Vanier
Dans des buts peu problématiques,
Tu portes un petit panier
Moins plein d’objets aromatiques,

Persil, cerfeuil, ès-authentiques
Torsades d’un savant vannier
Et tels bouquins pour les boutiques
Que le Quai ne peut renier,

Moins plein, dis-je, de toutes choses
Que de ceci : soucis moroses,
Querelles affreuses, raisons

Mauvaises, à jeter en Seine,
Si qu’au retour, sans plus de scène,
Tout bonnement nous nous baisons.

II

à propos d’un petit panier qu’il avait démoli
au bras d’une dame dans un moment de vivacité

Lorsque nous allons chez Vanier
Dans des buts peu problématiques
Tu portes un petit panier…

Il est mort le petit panier !
Je l’ai détruit lors d’une scène.
Irons-nous encor chez Vanier ?
Il est mort le petit panier !
Dire que ton œuvre, vannier,
Je l’ai tuée au bord de Seine.
Il est mort le petit panier !
Je l’ai détruit lors d’une scène.

Je ne suis pas trop fier, vraiment.
De ça qui n’est pas mon chef-d’œuvre,
Tant s’en faut, je le dis crûment.
Je ne suis pas trop fier, vraiment,
Et même un remords véhément,
Me mord ainsi qu’une couleuvre.
Je ne suis pas trop fier, vraiment,
De ça qui n’est pas mon chef-d’œuvre.

Heureusement il est un dieu
Pour ceux que la… colère enivre.
Et ce dieu-là n’est pas un pieu.
Heureusement il est un dieu
Qui t’inspirait. Après l’adieu
Dit, que ce gage dût revivre.
Heureusement il est un dieu
Pour ceux que la… colère enivre.

Et, comme autrefois le phénix,
Il reparaît beau, vaste même,
Disant à l’âpre Parque : Nix !
Et, comme autrefois le phénix,
Le revoici, d’après un X
Où tel pipo perd son barême.
Oui, comme autrefois le phénix,
Il reparaît beau, vaste même.

Nous irons encor chez Vanier
Dans des buts peu problématiques.
Encor qu’il semble le nier,
Nous irons encor chez Vanier
Avec cet énorme panier
Plein de choses mal esthétiques.
Nous irons encor chez Vanier
Dans des buts peu problématiques.

Et nous en reviendrons toujours
Après avoir, sans plus de scène,
Vidé vos querelles, amours,
Et nous en reviendrons toujours,
Après vous avoir jetés, lourds
Soupçons et faux propos, en Seine,
Aux vrais propos, mais pour toujours,
Aux francs baisers sans plus de scène.


Dessin de Verlaine. Une soirée chez Verlaine à l'hôtel meublé de l'impasse Royer-Collard en 1889, paru dans La Plume en 1896.
Une soirée chez Verlaine par Verlaine – 1889, .


< < < À une dame qui partait pour la Colombie
Anniversaire, à William Rothenstein > > >

Littérature françaiseLivres bilinguesContes de fées et Livres d’enfantsPoésie FrançaisePaul VerlainePoèmes de Paul VerlaineDédicaces


Détenteurs de droits d’auteur –  Domaine public

Si vous avez aimé ce poème, abonnez-vous, mettez des likes, écrivez des commentaires!
Partager sur les réseaux sociaux

Trouvez-nous sur Facebook ou Twitter

Consultez Nos Derniers Articles

© 2023 Akirill.com – All Rights Reserved

Leave a comment