Dernière Gerbe
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< < < Mon jardin
Le soir, je m’assieds, grave > > >
Charle, il faut quitter
***
Charle, il faut quitter l’ode et descendre à l’épître ;
On passe en vieillissant du trépied au pupitre ;
Le feuillet sibyllin s’envole, et dans la main,
O misère, vous laisse un blême parchemin
Que la strophe, sirène, ondine, muse, almée,
Egratigne en fuyant de sa griffe palmée.
On s’accoude à son poéle au lieu d’aller rêver
Dans les champs et guetter la lune à son lever ;
Les bons alexandrins vous viennent, mais sans prismes,
Sans aile, et refusant, de peur de rhumatismes,
De se mouiller les pieds dans l’herbe et dans le thym ;
Et l’on n’est plus celui qui va de grand matin,
Pâle, faire sa cour à l’Aurore, et s’occupe
A regarder trembler les astres. sur sa jupe.
On. s’alourdit ;, le ventre est votre souverain.
On préfère un turbot, une truite du Rhin,
Une bonne poularde accommodée en daube,
Un vin vieux, à l’oeillade enivrante de l’aube.
On murmure tout bas : jadis, quand nous aimions…
D’autres sont les Pâris et les Endymions
A qui viennent s’offrir, sous la sombre liane,
La Minerve sacrée et la grande Diane:
On ne dit plus : ma lyre ; on dit : mon encrier.
On n’entend plus au bois la bacchante crier.
Votre oreille a présent jamais ne se régale
De ce que le grillon raconte à la cigale
Et de ce que redit la cigale au grillon,
L’un chantant le foyer et l’autre le sillon.
Adieu la folle immense aux chansons infinies,
L’imagination, maîtresse des génies !
Adieu l’égarement dans les espaces bleus,
L’extase, et l’idéal, ce réel fabuleux,
Et les aspects profonds du rêve ! adieu la cime
Vue à travers l’écume énorme de l’abîme !
Adieu l’élan superbe et l’essor factieux!
Adieu. la joute avec les aigles dans les cieux !
Adieu les gnomes noirs aux mitres d’escarboucles,
Et les nymphes ayant des algues dans leurs boucles,
Et la fée, égrenant ses colliers de coraux !
On emploie à tracer des distiques, moraux,
Dignes d’être scandés aux écoles primaires,
Les doigts, qui caressaient la gorge des chimères.
Votre hippogriffe las demande l’abreuvoir ;
Et vos rimes n’ont plus d’assez bons yeux pour voir,
Sous l’étoile agrafée aux plis blancs de la nue,
Vénus au front divin sourire toute nue.
C’est fini. L’on devient bourgeois de l’Hélicon.
On loue au bord du gouffre un cottage à balcon.
On consent bien, du haut de sa raison morose,
A .faire encor des vers, pourvu qu’ils soient en prose.
De là l’épître. Hélas, le poète à vau-l’eau
Est un Orphée éteint qui finit en Boileau.

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Le soir, je m’assieds, grave > > >
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