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Poème “J’applique mon oreille à travers mon cachot” de Victor Hugo

Les Années funestes

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< < < J’ai dit à l’Océan : — Salut ! veux-tu, que j’entre
Un peuple était debout > > >


J’applique mon oreille à travers mon cachot

***

J’applique mon oreille à travers mon cachot
Contre la conscience énorme de là-haut.
Et j’écoute. Et, pensif, je fuis, et, solitaire,
Je m’envole. Quiconque a pour prison la terre,
A pour évasion le ciel. Là, j’ai l’effroi
De sentir comme une âme immense entrer en moi
Et j’én tremble, et j’en suis joyeux. Sévère joie !
Va, sois le Châtiment, me-dit quelqu’un. Foudroie.
La foudre est le jet noir du firmament vengeur.
Je me penche du fond d’une blême rougeur,
Et, dii seuil étoilé, comme d’une fenêtre,
Sur ta simarre, ô juge, et sur ta robe, ô prêtre,
Je vide la justice avec la vérité.
Vivez, régnez ! ma strophe au sanglot irrité,
Mon vers sanglant, fumant, amer, qui, du ciel sombre,
Ainsi que. d’une bouche entr’ouverte dans l’ombre,
Jaillit ; tombe, se rue, éclate, et sur les fronts
Se disperse en horreur, en tempête, en affronts,
Flétrit, submerge ; noie ; éclabousse et remonte,
Est le vomissement dé Dieu sur votre honte.

26 février 1870.


La tour des rats de Victor Hugo - 1847
La tour des rats de Victor Hugo – 1847


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