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Poème “Je voudrais qu’on trouvât tout simple” de Victor Hugo

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Je voudrais qu’on trouvât tout simple

***

Je voudrais qu’on trouvât tout simple qu’un rêveur,
Las des faux biens, qui n’ont qu’une ingrate saveur,
Cherche l’ombre et devienne une face tournée
Vers l’inconnu dont est pleine la destinée.
Je ne m’explique point qu’on ne comprenne pas
Qu’un homme, après avoir pris ses quatre repas,
Bu, mangé, dormi, dit des choses inutiles,
Goûté dans vingt journaux à tous les mauvais styles,
Et refait tous les riens que les gens graves font,
N’est point pour cela quitte avec le ciel profond.
Souvent, j’ai dit, pensif, les coudes sur ma table,
Qu’une chose appelée honneur est véritable,
Que l’âme est, et qu’il faut sur terre avant tout voir
Non le bonheur, ô noirs vivants, mais le devoir.
Et puisque vous parlez de rêveurs, sachez, hommes,
Qu’entre la libre Sparte et les lâches Sodomes,
Nous laissant le choix, calme, invisible, écoutant,
Dans l’abîme un songeur immense nous attend.
A l’homme la souffrance, à lui la patience.
J’affirme qu’une haute et juste conscience
Met tout en mouvement dans ces grands flots du sort
Dont nous sommes battus quand notre barque sort.
Sans cette probité suprême qui gouverne,
Le monde ne serait qu’une affreuse caverne

D’ombre, de vents, d’écueils, de démence et de bruit,
Et nous devons tâcher d’élever, dans la nuit,
L’âme humaine au niveau de cette âme divine.
Lier ce qu’on démontre avec ce qu’on devine,
Chercher l’aube à travers les mornes épaisseurs,
Telle est la fonction sévère des penseurs.
Au-dessous d’eux les noirs événements se brisent.
Et quant à ce que font, et quant à ce que disent
Tous ceux qui de régner commettent l’attentat,
Rois, empereurs, valets de la raison d’état,
Chefs d’armée ou de peuple, imans, vizirs, ministres,
Princes, tas monstrueux de tout-puissants sinistres,
Considérant les coeurs, les haines, les effrois,
Les faits; chaos farouche et plein d’obscures lois,
Et le flux et reflux formidable où nous sommes,
J’estime que l’effort énorme de ces hommes
Laisse à peu près la trace, en nos destins amers,
Que laisse un cri d’oiseau dans la rumeur des mers.

3 septembre 1872.


La tour des rats de Victor Hugo - 1847
La tour des rats de Victor Hugo – 1847


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