Les Années funestes
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< < < Je ne désire pas la mort de Bonaparte
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L’Empereur à Compiègne
***
Cet homme est dans les fleurs ; il a, s’il fuit la ville,
Saint-Cloud, Biarritz,
Compiègne, autant d’azur que l’aigle, autant d’idylle
Que Lycoris
Autour de lui les dieux rayonnent dans des marbres ;
Les prés, les blés,
Les champs brillent au- loin, et-les paons sous les arbres
Sont étoilés ;
En voyant ce front vil qu’aucuns remords n’émeuvent,
Cet œil vitreux ;
Que pensent les lauriers ? Qu’est-ce que les lys peuvent
Sé dire entre eux ?
On ne s’explique pas pourquoi le myrte encense
L’homme dé sang,
Et comment à subir une telle présence
Avril consent..
Les bois respectueux ont l’air de dire : sire !
A ce larron ;
Ils ne refusent rien au maître, et s’il désire
Un liseron ;
Un iris, un bleuet candide, une pervenche,
Ils les lui font ;
Est-ce que la nature ignore là revanche,
O ciel profond !
Est-ce qu’il, est permis de se donner pour tâche
Le mal, l’horreur,
D’être un fourbe, un escroc, un gueux, un drôle, un lâche,
Un empereur,
De jeter sur Paris la mort fauve et hagarde,
Le faux serment,
L’effroi, sans que personne ait l’air d’y prendre garde
Au firmament,
Sans qu’un puissant témoin fasse aux étoiles signe
De moins briller,
Au mois de mai d’avoir moins de parfum, au cygne
De s’envoler,
Sans qu’on entende au loin gronder le flot sonore,
Le vent huer,
Et sans qu’on voie autour du coupable l’aurore
Diminuer ;
Sans qu’au nom de l’honneur, de. l’auguste justice,
Des saintes lois,
Et du grand ciel, la ronce indignée avertisse
L’ombre des bois,
Et sans que le printemps distingue entre un faussaire,
D’où sont venus
Tous nos pleurs, tous nos maux, tous nos deuils, et Glycère,
Nymphe aux pieds nus !
Il a parfaitement oublié tous ses crimes,
Le sang versé,
Son serment, son honneur, son âme, et les abîmes
Du noir passé ;
Il a saisi le peuple et la loi dans sa serre,
Joué son jeu,
Et fait la quantité de forfaits nécessaire
Pour être un dieu ;
Les bonzes, les cadis, sous leur robe de femme,
Le trouvent grand ;
C’est tout au plus s’il sait combien il est infâme,
Et s’il comprend ;
Il est l’idole informe et vague qu’on encense ;
Ses yeux font peur ;
On devine qu’il est plein de toute-puissance
A sa stupeur ;
Car c’est bien surprenant d’être un tel misérable,
Et que les rois
Soient petits devant vous plus qu’au pied de l’érable
L’herbe des bois.
Ah ! quand un homme a fait tout ce qu’a fait cet homme,
Quand il est là,
Lui qui livra ta Rome, ô Caton, à la Rome
De Loyola,
Lui qui fit faire un pas monstrueux en arrière
A la raison,
Lui que guette la Prusse, espionne et guerrière,
A l’horizon,
Lui qui, mettant un vote imbécile à la place
Des droits trahis,
Règne contre le peuple et par la populace
Sur mon pays,
Lui par qui,. dans un jour de deuil, d’abîme et d’ombre,
Tout se perdit,
Il semble qu’il faudrait un rugissement sombre
Sur ce bandit !

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