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Poème “Oui, l’on a sauvé l’ordre et l’état” de Victor Hugo

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La Corde d’airain

Oui, l’on a sauvé l’ordre et l’état

***

 Oui, l’on a sauvé l’ordre et l’état, et je crois
Que c’est pour la cinquième ou’la sixième fois;
Le steamer pourvoyeur du bagne est dans nos havres;
On a pendant huit jours enjambé des cadavres,
Des fosses, des mourants; on s’est habitué;
On a très vite fait justice; on a tué
Hommes, femmes, enfants, tout un peu pêle-mêle;
Maintenant sont forçats, mangeant à la-gamelle
Et vêtus des habits de la chiourme, plusieurs
Qui de “la tyrannie étaient les fossoyeurs,
Et dont nous avions vu, du Volga jusqu’à l’Ebre
Et du Tage au Niémen, voler le nom célèbre;
Victoire! On n’a point fait les choses à demi.
Pour sauver la patrie et devant l’ennemi
Paris avait cinq mois eu la rumeur immense
Des forêts que le vent semble mettre en déence;
Il ressemblait au sombre ouragan libyen;
Il a fallu le faire un peu taire; c’est bien.
Nous voilà soulagés; car c’est une souffrance
Qu’une ville acharnée. à délivrer la France;
L’Allemagne nous dit à demi-voix: Merci.
Les cafés sont rouverts, les églises aussi;
La paix sanglante sort de la guerre civile.
Nous avons de plus l’ordre et de moins cette ville.
Des gens auraient aimé peut-être moins de morts;
Mais qu’un cheval ait trop d’écume sur le mors
Quand il a bien couru, n’est-ce pas ordinaire?
La bombe n’y voit pas plus clair que le tonnerre;

Les faux coups sont permis, en de si durs combats
Au Jupiter d’en haut comme aux Jupins d’en bas.
Bref, nous sommes sauvés. De tous les coeurs s’élance
Ce cri d’enthousiasme et de bonheur: Silence.!
Que personne ne pense et qu’on ne parle plus!
Il est temps que la. mer montante ait son reflux,
Et que l’utile vent du tombeau décourage
Toutes ces libertés qui font un bruit d’orage.
Ce siècle a trop d’éclairs, de foudre et. de rayons;
Il est bon, et c’est là ce qu’enfin nouS voyons,
Qu’un poing sauveur, sorti des ténèbres, l’étreigne;
La société veut, la religion règne;
C’est dans le droit divin, c’est dans le syllabus
Qu’est le salut, le peuple étant presque un abus.
De là ce grand succès: l’ombre dans la fournaise;
Quatrevingt-neuf puni de son quatrevingt-treize;
Plus de licence, plus de tumulte, plus rien.
De la butte Montmartre au mont Valérien,
Ce Paris,. bouillonnant comme le flot dans l’urne,
Se tait, et nous avons l’apaisement nocturne;
Le peuple est sous le sabre, heureux, content, muet;
On recommencerait si quelqu’un remuait.
Ces, choses, j’,en conviens, ont de quoi satisfaire;
Chacun, en attendant le maître qu’il préfère,
Voit la police faite, et c’est toujours cela;
Et, certe, on n’a pas trop payé cette paix-là
Au prix d’un peu de sang qui sous nos pieds rougeoie;
Pourtant je n’en suis pas devenu. fou de joie.

6 juin.



La tour des rats de Victor Hugo - 1847
La tour des rats de Victor Hugo – 1847


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