L’Année terrible
| Télécharger PDF |
Littérature française – Livres bilingues – Contes de fées et Livres d’enfants – Poésie Française – Victor Hugo – Poèmes de Victor Hugo
< < < Oh ! qui que vous soyez, qui voulez être maîtres
Les deux trophées > > >
Pendant que la mer gronde et que les vagues roulent
***
Pendant que la mer gronde et que les vagues roulent,
Et que sur l’horizon les tumultes s’écroulent,
Ce veilleur, le poète, est monté sur sa tour.
Ce qu’il veut, c’est qu’enfin la concorde ait son tour.
Jadis, dans les temps noirs comme ceux où nous sommes,
Le poète pensif ne se mêlait aux hommes
Que pour les désarmer et leur verser son cœur ;
Il aimait le vaincu sans haïr le vainqueur ;
Il suppliait l’armée, il suppliait la ville ;
Aux vivants aveuglés par la guerre civile
Il montrait la clarté du vrai, du grand, du beau,
Étant plus qu’eux tourné du côté du tombeau ;
Et cet homme, au milieu d’un monde inexorable,
Était le messager de la paix vénérable.
Il criait : N’a-t-on point assez souffert, hélas !
Ne serons-nous pas bons à force d’être las ?
C’était la fonction de cette voix qui passe
De demander à tous, pour tous, Paix ! Pitié ! Grâce !
Les devoirs sont encor les mêmes aujourd’hui.
Le poète, humble jonc, a son cœur pour appui.
Il veut que l’homme vive, il veut que l’homme crée.
Le ciel, cette demeure inconnue et sacrée,
Prouve par sa beauté l’éternelle douceur ;
La poésie au front lumineux est la sœur
De la clémence, étant la sœur de l’harmonie ;
Elle affirme le vrai que la colère nie,
Et le vrai c’est l’espoir, le vrai c’est la bonté ;
Le grand rayon de l’art c’est la fraternité.
À quoi bon aggraver notre sort par la haine ?
Oh ! si l’homme pouvait écouter la géhenne,
Si l’on savait la langue obscure des enfers,
De cette profondeur pleine du bruit des fers,
De ce chaos hurlant d’affreuses destinées,
De tous ces pauvres cœurs, de ces bouches damnées,
De ces pleurs, de ces maux sans fin, de ces courroux,
On entendrait sortir ce chant sombre : Aimons-nous !
L’ouragan, l’océan, la tempête, l’abîme,
Et le peuple, ont pour loi l’apaisement sublime,
Et, quand l’heure est venue enfin de s’épouser,
Le gouffre éperdu donne à la terre un baiser !
Car rien n’est forcené, terrible, effréné, libre,
Convulsif, effaré, fou, que pour l’équilibre ;
Car il faut que tout cède aux branches du compas ;
Car l’indignation des flots ne dure pas,
L’écume est furieuse et n’est pas éternelle ;
Le plus fauve aquilon demande à ployer l’aile ;
Toute nuit mène à l’aube, et le soleil est sûr ;
Tout orage finit par ce pardon, l’azur.

< < < Oh ! qui que vous soyez, qui voulez être maîtres
Les deux trophées > > >
Littérature française – Livres bilingues – Contes de fées et Livres d’enfants – Poésie Française – Victor Hugo – Poèmes de Victor Hugo
Détenteurs de droits d’auteur – Domaine public
| Si vous avez aimé cet article, abonnez-vous, mettez des likes, écrivez des commentaires! Partager sur les réseaux sociaux |
| Consultez Nos Derniers Articles |
- Poèmes et peinture, semaine du 14 décembre 2025
- Poems and painting, Week of December 14, 2025
- Poèmes et peinture, semaine du 7 décembre 2025
- Poems and painting, Week of December 7, 2025
- Poèmes et peinture, semaine du 30 novembre 2025
- Poems and painting, Week of November 30, 2025
© 2023 Akirill.com – All Rights Reserved
