L’Art d’être grand-père
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Persévérance
***
N’importe. Allons au but, continuons. Les choses,
Quand l’homme tient la clef, ne sont pas longtemps closes.
Peut-être qu’elle-même, ouvrant ses pâles yeux,
La nuit, lasse du mal, ne demande pas mieux
Que de trouver celui qui saura la convaincre.
Le devoir de l’obstacle est de se laisser vaincre.
L’obscurité nous craint et recule en grondant
Regardons les penseurs de l’âge précédent,
Ces héros, ces géants qu’une même âme anime,
Détachés par la mort de leur travail sublime,
Passer, les pieds poudreux et le front étoilé ;
Saluons la sueur du relais dételé ;
Et marchons. Nous aussi, nous avons notre étape.
Le pied de l’avenir sur notre pavé frappe ;
En route ! Poursuivons le chemin commencé ;
Augmentons l’épaisseur de l’ombre du passé ;
Laissons derrière nous, et le plus loin possible,
Toute l’antique horreur de moins en moins visible.
Déjà le précurseur dans ces brumes brilla ;
Platon vint jusqu’ici, Luther a monté là ;
Voyez, de grands rayons marquent de grands passages ;
L’ombre est pleine partout du flamboiement des sages ;
Voici l’endroit profond où Pascal s’est penché.
Criant : gouffre ! Jean-Jacque où je marche a marché ;
C’est là que, s’envolant lui-même aux cieux, Voltaire,
Se sentant devenir sublime, a perdu terre,
Disant : Je vois ! ainsi qu’un prophète ébloui.
Luttons, comme eux ; luttons, le front épanoui ;
Marchons ! un pas qu’on fait, c’est un champ révèle ;
Déchiffrons dans les temps nouveaux la loi nouvelle ;
Le cœur n’est jamais sourd, l’esprit n’est jamais las,
Et la route est ouverte aux fiers apostolats.
Ô tous ! vivez, marchez, croyez ! soyez tranquilles.
— Mais quoi ! le râle sourd des discordes civiles,
Ces siècles de douleurs, de pleurs, d’adversités,
Hélas ! tous ces souffrants, tous ces déshérités,
Tous ces proscrits, le deuil, la haine universelle,
Tout ce qui dans le fond des âmes s’amoncelle,
Cela ne va-t-il pas éclater tout à coup ?
La colère est partout, la fureur est partout ;
Les cieux sont noirs ; voyez, regardez ; il éclaire ! —
Qu’est-ce que la fureur ? qu’importe la colère ?
La vengeance sera surprise de son fruit ;
Dieu nous transforme ; il a pour tâche en notre nuit
L’auguste avortement de la foudre en aurore.
Dieu prend dans notre cœur la haine et la dévore ;
Il se jette sur nous des profondeurs du jour,
Et nous arrache tout de l’âme, hors l’amour ;
Avec ce bec d’acier, la conscience, il plonge
Jusqu’à notre pensée et jusqu’à notre songe,
Fouille notre poitrine et, quoi que nous fassions,
Jusqu’aux vils intestins qu’on nomme passions ;
Il pille nos instincts mauvais, il nous dépouille
De ce qui nous tourmente et de ce qui nous souille ;
Et, quand il nous a faits pareils au ciel béni,
Bons et purs, il s’envole, et rentre à l’infini ;
Et, lorsqu’il a passé sur nous, l’âme plus grande
Sent qu’elle ne hait plus, et rend grâce, et demande :
Qui donc m’a prise ainsi dans ses serres de feu ?
Et croit que c’est un aigle, et comprend que c’est Dieu.

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