Premières Poésies
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Scène VII
***
À l’auberge.
RAFAEL est assis avec ROSE et CYDALISE.
Rafael chante.
Trivelin ou Scaramouche,
Remplis ton verre à moitié ;
Si tu le bois tout entier,
Je dirai que tu te mouches
Du pied.
Je ne sais pas au fond de quelle pyramide
De bouteilles de vin, au cœur de quel broc vide
S’est caché le démon qui doit me griser, mais
Je désespère encor de le trouver jamais.
Cydalise.
À toi, mon prince !
Rafael.
À toi, buvons à mort, déesse
Ma foi, vive l’amour ! Au diable ma maîtresse !
La vie est à descendre un rude grand chemin ;
Gai donc, la voyageuse, au coup du pèlerin !
Cydalise.
Chante, je vais danser.
Rafael.
Bien dit. — Ah ! la jolie
Jambe ! —
Il se couche aux pieds de Rose, et prélude.
Je suis Hamlet aux genoux d’Ophélie.
Mais, reine, ma folie est plus douce, et mes yeux
Sous vos longs sourcils noirs invoquent d’autres dieux.
Il chante.
Si, dans les antres de Gnide,
Aux bras de Vénus porté,
Le vieux Jupiter, que ride
Sa vieille immortalité,
Dans la céleste furie,
Me laissait finir sa vie,
Qui jamais ne finira :
Dieux immortels, que je meure !
J’aimerais mieux un quart d’heure
Chez la blanche Lydia.
Que j’aime ces beaux seins qui battent la campagne !
Au menuet, danseuse ! — Et vous, du vin d’Espagne !
à Rose.
Et laissez vos regards avec le vin couler.
Dieu merci, ma raison commence à s’en aller !
Cydalise.
Tu me laisses danser toute seule ?
Rafael.
Ma reine,
Cela n’est pas bien dit.
Il se lève.
Cette table nous gêne.
Il la renverse du pied.
Palforio, entrant.
Seigneur, je ne puis dire autre chose, sinon
Que de vous déranger je demande pardon ;
Mais vous faites un bruit bien fort, et qui fait mettre
Autour de ma maison le monde à la fenêtre.
Veuillez crier moins haut.
Rafael.
Ah ! parbleu ! je crierai,
Maître porte-bedaine, autant que je voudrai.
Holà ! hé ! hohé ! ho !
Palforio.
Seigneur, je vous supplie
D’observer qu’il est tard.
Rafael.
Allons, paix, vieille truie !
Je suis abbé, d’abord. — Si vous dites un mot,
Je vous excommunie. — Arrière, toi, pied-bot !
Il danse en chantant.
Monsieur l’abbé, où courez-vous ?
Vous allez vous casser le cou.
Palforio.
Seigneur, si vous criez, j’irai chercher la garde ;
J’en demande pardon à Votre Honneur. —
Rafael.
Prends garde
Que mon pied n’aille voir tes chausses.
Palforio.
Aïe ! à moi !
Je suis mort !
Rafael.
Ventrebleu ! je suis ici chez toi ;
J’y suis pour mon plaisir, et n’en sortirai mie.
Palforio.
Seigneur, excusez-moi ; c’est mon hôtellerie,
Et vous en sortirez. — À la garde !
Rafael, lui jetant une bouteille à la tête.
Tiens !
Palforio.
Ah !
Il tombe.
Cydalise.
Vous l’avez tué !
Rafael.
Non.
Cydalise.
Si fait.
Rafael.
Non.
Rose.
Si fait.
Rafael.
Bah !
Il le secoue.
Eh ! Palforio, vieux porc ! Il sait mieux que personne
Où vont, après leur mort, les gredins — Je m’étonne
Que Satan ou Pluton, dès la première fois,
Dans cette nuque chauve aient enfoncé les doigts.
Ma foi, bonsoir ; le drôle a soufflé sa chandelle.
Adieu, ventre sans tête. — Il faut partir, ma belle.
Les sergents nous feraient payer les pots. — Allons.
C’est dur de nous quitter sitôt. — Allons, partons.
Je le croyais plus ferme, et que les vieilles âmes
Se rouillaient à l’étui comme les vieilles lames.
Cydalise.
Paix ! on vient.
Voix.
Au guet !
Rafael.
Hein ? Je crois que les bourreaux
Sont gens, Dieu me pardonne, à quérir les prévôts.
Ne les attendons pas, mon ange. — Cette issue
Secrète nous conduit, par la petite rue,
À mon hôtel.
Voix.
C’est là.
Cydalise.
Mon Dieu ! si l’on entrait !
Rafael.
Allons, le mantelet, le loup et le bonnet ;
Par ici, par ici ; bonsoir, mes Cydalises.
Cydalise.
Bonsoir, mon prince.
Un sergent, entrant.
Arrête ! en voilà deux de prises.
Cydalise.
Mon prince, sauvez-vous !
Le sergent.
Qu’on le retienne !
Rafael.
Il pleut
Un peu, mais c’est égal. — Ma foi, sauve qui peut !
Il saute par la fenêtre.
Un soldat.
Sergent, nous n’avons rien. — Votre homme est passé maître
Dans le saut périlleux. — Il a pris la fenêtre.
Le sergent.
Oh ! oh ! tenez-le bien ! — Que vois-je ? L’hôtelier
Est mort. Courez tous vite, et sus le meurtrier !
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