| Télécharger PDF |
Littérature française – Livres bilingues – Contes de fées et Livres d’enfants – Poésie Française – Pierre Jules Théophile Gautier – Poèmes de Pierre Jules Théophile Gautier
< < < Le Sentier
La Demoiselle > > >
Cauchemar
***
Bizoy quen ne consquaff a maru garu ne marnaff.
Ancien proverbe breton.
Jamais je ne dors que je ne meure de mort amère.
Les goules de l’abyme
Attendant leur victime,
Ont faim:
Leur ongle ardent s’allonge,
Leur dent en espoir ronge
Ton sein.
Avec ses nerfs rompus, une main écorchée
Qui marche sans le corps dont elle est arrachée,
Crispe ses doigts crochus armés d’ongles de fer
Pour me saisir: des feux pareils aux feux d’enfer
Se croisent devant moi; dans l’ombre des yeux fauves
Rayonnent; des vautours à cous rouges et chauves,
Battent mon front de l’aile en poussant des cris sourds:
En vain pour me sauver je lève mes pieds lourds,
Des flots de plomb fondu subitement les baignent,
A des pointes d’acier ils se heurtent et saignent,
Meurtris et disloqués; et mon dos cependant
Ruisselant de sueur, frissonne au souffle ardent
De naseaux enflammés, de gueules haletantes:
Les voilà, les voilà! dans mes chairs palpitantes
Je sens des becs d’oiseaux avides se plonger,
Fouiller profondément, jusqu’aux os me ronger,
Et puis des dents de loups et de serpents qui mordent
Comme une scie aiguë, et des pinces qui tordent;
Ensuite le sol manque à mes pas chancelants:
Un gouffre me reçoit; sur des rochers brûlants,
Sur des pics anguleux que la lune reflète,
Tremblant je roule, roule, et j’arrive squelette
Dans un marais de sang; bientôt, spectres hideux,
Des morts au teint bleuâtre en sortent deux à deux,
Et se penchant vers moi m’apprennent les mystères
Que le trépas révèle aux pâles feudataires
De son empire; alors, étrange enchantement,
Ce qui fut moi s’envole, et passe lentement
A travers un brouillard couvrant les flèches grêles
D’une église gothique aux moresques dentelles.
Déchirant une proie enlevée au tombeau,
En me voyant venir, tout joyeux, un corbeau
Croasse, et s’envolant aux steppes de l’Ukraine,
Par un pouvoir magique à sa suite m’entraîne,
Et j’aperçois bientôt, non loin d’un vieux manoir,
A l’angle d’un taillis, surgir un gibet noir
Soutenant un pendu; d’effroyables sorcières
Dansent autour, et moi, de fureurs carnassières
Agité, je ressens un immense désir
De broyer sous mes dents sa chair, et de saisir,
Avec quelque lambeau de sa peau bleue et verte,
Son cœur demi pourri dans sa poitrine ouverte.

< < < Le Sentier
La Demoiselle > > >
Littérature française – Livres bilingues – Contes de fées et Livres d’enfants – Poésie Française – Pierre Jules Théophile Gautier – Poèmes de Pierre Jules Théophile Gautier
| Si vous avez aimé ce poème, abonnez-vous, mettez des likes, écrivez des commentaires! Partager sur les réseaux sociaux Trouvez-nous sur Facebook ou Twitter |
Détenteurs de droits d’auteur – Domaine public
| Consultez Nos Derniers Articles |
- Poèmes et peinture, semaine du 14 décembre 2025
- Poems and painting, Week of December 14, 2025
- Poèmes et peinture, semaine du 7 décembre 2025
- Poems and painting, Week of December 7, 2025
- Poèmes et peinture, semaine du 30 novembre 2025
- Poems and painting, Week of November 30, 2025
© 2024 Akirill.com – All Rights Reserved
