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Littérature française – Livres bilingues – Contes de fées et Livres d’enfants – Poésie Française – Pierre Corneille – Poèmes de Pierre Corneille
< < < Placet au Roi
Version de l’ode à Monsieur Pellisson > > >
Au Roi, sur Cinna, Pompée, Horace, Sertorius, Œdipe, Rodogune, qu’il a fait représenter de suite devant lui à Versailles, en octobre 1676
***
Est-il vrai, grand Monarque, et puis-je me vanter
Que tu prennes plaisir à me ressusciter,
Qu’au bout de quarante ans Cinna, Pompée, Horace
Reviennent à la mode et retrouvent leur place,
Et que l’heureux brillant de mes jeunes rivaux
N’ôte point leur vieux lustre à mes premiers travaux ?
Achève : les derniers n’ont rien qui dégénère,
Rien qui les fasse croire enfants d’un autre père :
Ce sont des malheureux étouffés au berceau,
Qu’un seul de tes regards tireroit du tombeau.
On voit Sertorius, Œdipe et Rodogune
Rétablis par ton choix dans toute leur fortune ;
Et ce choix montreroit qu’Othon et Suréna
Ne sont pas des cadets indignes de Cinna.
Sophonisbe à son tour, Attila, Pulchérie
Reprendroient pour te plaire une seconde vie ;
Agésilas en foule auroit des spectateurs,
Et Bérénice enfin trouveroit des acteurs.
Le peuple, je l’avoue, et la cour les dégradent :
J’affoiblis, ou du moins ils se le persuadent ;
Pour bien écrire encor j’ai trop longtemps écrit,
Et les rides du front passent jusqu’à l’esprit ;
Mais contre cet abus que j’aurois de suffrages,
Si tu donnois les tiens à mes derniers ouvrages !
Que de tant de bonté l’impérieuse loi
Ramèneroit bientôt et peuple et cour vers moi !
« Tel Sophocle à cent ans charmoit encore Athènes,
Tel bouillonnoit encor son vieux sang dans ses veines,
Diroient-ils à l’envi, lorsque Œdipe aux abois
De ses juges pour lui gagna toutes les voix. »
Je n’irai pas si loin ; et si mes quinze lustres
Font encor quelque peine aux modernes illustres,
S’il en est de fâcheux jusqu’à s’en chagriner,
Je n’aurai pas longtemps à les importuner.
Quoi que je m’en promette, ils n’en ont rien à craindre :
C’est le dernier éclat d’un feu prêt à s’éteindre ;
Sur le point d’expirer il tâche d’éblouir,
Et ne frappe les yeux que pour s’évanouir.
Souffre, quoi qu’il en soit, que mon âme ravie
Te consacre le peu qui me reste de vie :
L’offre n’est pas bien grande, et le moindre moment
Peut dispenser mes vœux de l’accomplissement.
Préviens ce dur moment par des ordres propices ;
Compte mes bons désirs comme autant de services.
Je sers depuis douze ans, mais c’est par d’autres bras
Que je verse pour toi du sang dans nos combats:
J’en pleure encore un fils, et tremblerai pour l’autre,
Tant que Mars troublera ton repos et le nôtre ;
Mes frayeurs cesseront enfin par cette paix
Qui fait de tant d’États les plus ardents souhaits.
Cependant, s’il est vrai que mon service plaise,
Sire, un bon mot, de grâce, au Père de la Chaise.
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