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Poème: “Au Roi, sur son départ pour l’armée, en 1676” de Pierre Corneille

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Au Roi, sur son départ pour l’armée, en 1676

***

Le printemps a changé la face de la terre ;
Il ramène avec lui la saison de la guerre,
Et nos champs reverdis font renaître, grand Roi,
En ton cœur martial des soins dignes de toi.
La trompette a sonné : ton armée intrépide,
Prête à marcher, te demande pour guide,
Et tous ses escadrons, sur ta frontière épars,
Ambitionnent tes regards.
Joins ta présence et tes destins propices
Au zèle impatient qui presse leurs efforts ;
Daigne servir de tête et d’âme à ce grand corps,
Et sous tes illustres auspices
Ses bras feront pleuvoir d’inévitables morts.
Que je plains votre aveugle et folle confiance,
Obstinés ennemis de nos plus doux souhaits,
Qu’enorgueillit une triple alliance
Jusques à dédaigner les bontés de la France !
Que de pleurs, que de sang, que de cuisants regrets
Vous va coûter ce refus de la paix !
Son vengeur à partir s’apprête,
Cent lauriers lui ceignent la tête,
Cent lauriers que sa main elle-même a cueillis
Sur autant de vos murs foudroyés par ses lis.
Bellone, qui l’attend au sortir de son Louvre,
Veut tracer à ses pas la carrière qu’elle ouvre :
Son zèle, impatient d’arborer ce grand nom,
Pour conduire son char s’empare du timon.
D’un prompt et sûr triomphe écoutez le prélude,
Et par quels vœux poussés tous à la fois
De ses heureux sujets la noble inquiétude
Hâte ses glorieux exploits.
« Pars, grand Monarque, et vole aux justes avantages
Que te promet l’ardeur de tant de grands courages : »
C’est ce que dit toute sa cour.
« Pars, grand Monarque, et vole aux conquêtes nouvelles
Dont te répond l’amour de tant de cœurs fidèles : »
C’est ce que dit tout Paris à son tour.
Il part, et la Frayeur, chez les siens inconnue,
Annonce en même temps parmi vous sa venue.
La Victoire le suit dans une majesté
Dont l’inexorable fierté
Semble du ciel autorisée
À venger le mépris d’une paix refusée
Avec tant de témérité ;
Et commençant par un miracle,
Bellone fait partout retentir cet oracle :
« Ennemis de la paix, vous la voudrez trop tard :
Le ciel ne peut aimer ceux qui troublent la terre ;
Et je vous le dis de sa part,
La guerre punira ceux qui veulent la guerre. »
L’Anglois avec chaleur souscrit à cet arrêt ;
Au belliqueux Suédois également il plaît ;
Le Danois en frémit, Brandebourg s’en alarme;
Et pour nos François c’est un charme
Qui laisse leur esprit d’autant plus satisfait
Que c’est à leur valeur d’en faire voir l’effet.
Déjà le Rhin pâlit, la Meuse s’épouvante ;
Et l’Escaut, dont le front jaune et cicatrisé
Porte empreints les grands coups dont il s’est vu brisé,
Craint une plaie encor plus étonnante,
Et cache au plus creux de ses eaux
Sa tête de nouveau tremblante
Pour le reste de ses roseaux.



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