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Poème: “Chant de l’horizon en Champagne” de Guillaume Apollinaire

Lueurs des tirs

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Chant de l’horizon en Champagne

***

À M. Joseph Granié

Voici le tétin rose de l’euphorbe verruquée
Voici le nez des soldats invisibles
Moi l’horizon invisible je chante
Que les civils et les femmes écoutent ces chansons
Et voici d’abord la cantilène du brancardier blessé

            Le sol est blanc la nuit l’azure
            Saigne la crucifixion
            Tandis que saigne la blessure
            Du soldat de Promission

            Un chien jappait l’obus miaule
            La lueur muette a jailli
            À savoir si la guerre est drôle
            Les masques n’ont pas tressailli

            Mais quel fou rire sous le masque
            Blancheur éternelle d’ici
            Où la colombe porte un casque
            Et l’acier s’envole aussi

Je suis seul sur le champ de bataille
Je suis la tranchée blanche le bois vert et roux
L’obus miaule
Je te tuerai
Animez-vous fantassins à passepoil jaune
Grands artilleurs roux comme des taupes
Bleu-de-roi comme les golfes méditerranéens
Veloutés de toutes les nuances du velours
Ou mauves encore ou bleu-horizon comme les autres
Ou déteints
Venez le pot en tête
Debout fusée éclairante
Danse grenadier en agitant tes pommes de pin
Alidades des triangles de visée pointez-vous sur les lueurs
Creusez des trous enfants de 20 ans creusez des trous
            Sculptez les profondeurs

Envolez-vous essaims des avions blonds ainsi que les avettes

Moi l’horizon je fais la roue comme un grand Paon
Écoutez renaître les oracles qui avaient cessé
            Le grand Pan est ressuscité

Champagne viril qui émoustille la Champagne
Hommes faits jeunes gens
Caméléon des autos-canons
Et vous classe 16

Craquements des arrivées ou bien floraison blanche dans les cieux

J’était content pourtant ça brûlait la paupière
Les officiers captifs voulaient cacher leurs noms
Œil du Breton blessé couché sur la civière
Et qui criait aux morts aux sapins aux canons
Priez pour moi Bon Dieu je suis le pauvre Pierre

            Boyaux et rumeur du canon
            Sur cette mer aux blanches vagues
            Fou stoïque comme Zénon
            Pilote du cœur tu zigzagues

            Petites forêts de sapins
            La nichée attend la becquée
            Pointe-t-il des nez de lapins
            Comme l’euphorbe verruquée

            Ainsi que l’euphorbe d’ici
            Le soleil à peine boutonne
            Je l’adore comme un Parsi
            Ce tout petit soleil d’automne
            Un fantassin presque un enfant
            Bleu comme le jour qui s’écoule
            Beau comme mon cœur triomphant
            Disait en mettant sa cagoule

            Tandis que nous n’y sommes pas
            Que de filles deviennent belles
            Voici l’hiver et pas à pas
            Leur beauté s’éloignera d’elles

            Ô Lueurs soudaines des tirs
            Cette beauté que j’imagine
            Faute d’avoir des souvenirs
            Tire de vous son origine

            Car elle n’est rien que l’ardeur
            De la bataille violente
            Et de la terrible lueur
            Il s’est fait une muse ardente

Il regarde longtemps l’horizon
Couteaux tonneaux d’eaux
Des lanternes allumées se sont croisées
Moi l’horizon je combattrai pour la victoire
Je suis l’invisible qui ne peut disparaître
Je suis comme l’onde
Allons ouvrez les écluses que je me précipite et renverse tout


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