Poésies nouvelles (1836-1852)
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< < < À mon Frère, revenant d’Italie
Par un mauvais temps > > >
Conseils à une Parisienne
***
Oui, si j’étais femme, aimable et jolie,
Je voudrais, Julie,
Faire comme vous ;
Sans peur ni pitié, sans choix ni mystère,
À toute la terre
Faire les yeux doux.
Je voudrais n’avoir de soucis au monde
Que ma taille ronde,
Mes chiffons chéris,
Et de pied en cap être la poupée
La mieux équipée
De Rome à Paris.
Je voudrais garder pour toute science
Cette insouciance
Qui vous va si bien ;
Joindre, comme vous, à l’étourderie,
Cette rêverie
Qui ne pense à rien.
Je voudrais pour moi qu’il fût toujours fête,
Et tourner la tête
Aux plus orgueilleux ;
Être en même temps de glace et de flamme,
La haine dans l’âme,
L’amour dans les yeux.
Je détesterais, avant toute chose,
Ces vieux teints de rose
Qui font peur à voir.
Je rayonnerais, sous ma tresse brune,
Comme un clair de lune
En capuchon noir.
Car c’est si charmant et c’est si commode,
Ce masque à la mode,
Cet air de langueur !
Ah ! que la pâleur est d’un bel usage !
Jamais le visage
N’est trop loin du cœur.
Je voudrais encore avoir vos caprices,
Vos soupirs novices,
Vos regards savants.
Je voudrais enfin, tant mon cœur vous aime,
Être en tout vous-même…
Pour deux ou trois ans.
Il est un seul point, je vous le confesse,
Où votre sagesse
Me semble en défaut.
Vous n’osez pas être assez inhumaine.
Votre orgueil vous gêne ;
Pourtant il en faut.
Je ne voudrais pas, à la contredanse,
Sans quelque prudence
Livrer mon bras nu ;
Puis, au cotillon, laisser ma main blanche
Traîner sur la manche
Du premier venu.
Si mon fin corset, si souple et si juste,
D’un bras trop robuste
Se sentait serré,
J’aurais, je l’avoue, une peur mortelle
Qu’un bout de dentelle
N’en fût déchiré.
Chacun, en valsant, vient sur votre épaule
Réciter son rôle
D’amoureux transi ;
Ma beauté, du moins, sinon ma pensée,
Serait offensée
D’être aimée ainsi.
Je ne voudrais pas, si j’étais Julie,
N’être que jolie
Avec ma beauté.
Jusqu’au bout des doigts je serais duchesse.
Comme ma richesse,
J’aurais ma fierté.
Voyez-vous, ma chère, au siècle où nous sommes,
La plupart des hommes
Sont très-inconstants.
Sur deux amoureux pleins d’un zèle extrême,
La moitié vous aime
Pour passer le temps.
Quand on est coquette il faut être sage.
L’oiseau de passage
Qui vole à plein cœur
Ne dort pas en l’air comme une hirondelle,
Et peut, d’un coup d’aile,
Briser une fleur.
Décembre 1845.
< < < À mon Frère, revenant d’Italie
Par un mauvais temps > > >

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