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Littérature française – Livres bilingues – Contes de fées et Livres d’enfants – Poésie Française – Paul Éluard – Poèmes de Paul Éluard
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Défense De Savoir
***
I
Une vaste retraite horizons disparus
Un monde suffisant repaire de la liberté
Les ressemblances ne sont pas en rapport
Elles se heurtent.
Toutes les blessures de la lumière
Tous les battements des paupières
Et mon cœur qui te bat
Nouveauté perpétuelle des refus
Les colères ont prêté serment
Je lirai bientôt dans tes veines
Ton sang te transperce et t’éclaire
Un nouvel astre de l’amour se lève de partout.
II
Au premier éclat tes mains ont compris
Elles étaient un rideau de phosphore
Elles ont compris la mimique étoilée
De l’amour et sa splendeur nocturne
Gorge d’ombre où les yeux du silence
S’ouvrent et brûlent.
III
Vivante à n’en plus finir
Ou morte incarnation de la mémoire
De ton existence sans moi.
Je me suis brisé sur les rochers de mon corps
Avec un enfant que j’étranglais
Et ses lèvres devenaient froides
En rêve.
D’autres ont les yeux cernés
Gelés impurs et pourrissants
Dans un miroir indifférent
Qui prend les morts pour habituels.
IV
Les espoirs les désespoirs sont effacés
Les règnes abolis les tourments les tourmentes
Se coiffent de mépris
Les astres sont dans l’eau la beauté n’a plus d’ombres
Tous les yeux se font face et des regards égaux
Partagent la merveille d’être en dehors du temps.
V
Ce que je te dis ne me change pas
Je ne vais pas du plus grand au plus petit
Regarde-moi
La perspective ne joue pas pour moi
Je tiens ma place
Et tu ne peux pas t’en éloigner.
Il n’y a plus rien autour de moi
Et si je me détourne rien est à deux faces
Rien et moi.
VI
Ma mémoire bat les cartes
Les images pensent pour moi
Je ne peux pas te perdre
C’est la fleur du secret
Un incendie à découvrir
Des yeux se ferment sur tes épaules
La lumière les réunit.
L’aile de la vue par tous les vents
Étend son ombre par la nuit
Et nul n’y pense nul n’en rêve
Et les esclaves vivent très vieux
Et les autres inventent la mort
La mort tombe mal inconcevable
Ils font du suicide un besoin
Des êtres immobiles s’ensevelissent
Dans l’espace qui les détruit
Ils envahissent la solitude
Et leur corps n’a plus de forme.
Dans les ramures hautes
Tous les oiseaux et leur forêt
Ils refusent au son ses mille différences
Les grands airs du soleil ne leur en imposent pas
Le silence supprime les grâces de saison.
Ce verre sur le marbre noir
Un seul hiver incassable
À enfermer
Avec l’aube aux yeux de serpent
Qui se dresse solitaire
Sur le sperme des premiers jours
Les feux noyés du verre.
À calculer
La sécheresse des îles de dimension
Que mon sang baigne
Elles sont conçues à la mesure de la rosée
À la mesure du regard limpide
Dont je les nargue.
Il y a des sources sur la mer
Dans les bateaux qui me ramènent
Et des spectacles en couleurs
Dans les désastres à face humaine
J’ai fait l’amour en dépit de tout
L’on vit de ce qu’on n’apprend pas
Comme une abeille dans un obus
Comme un cerveau tombant de haut
De plus haut.
La pâleur n’indique rien c’est un gouffre
Que ne puisse écrire
Les lettres sont mon ignorance
Entre les lettres j’y suis.
Au néant des explorateurs
Des rébus et des alphabets
Avec le clin d’œil imbécile
Des survivants que rien n’étonne
Ils sont trop je ne peux leur donner
Qu’une nourriture empoisonnée.
La nuit simple me sert à te chercher à me guider
Parmi tous les échos d’amour qui me répondent
Personne
Sans bégayer.
VII
Recéleuse du réel
La crise et son rire de poubelle
Le crucifiement hystérique
Et ses sentiers brûlés
Le coup de cornes du feu
Les menottes de la durée
Le toucher masqué de pourriture
Tous les baillons du hurlement
Et des supplications d’aveugle
Les pieuvres ont d’autres cordes à leur arc
D’autres arc-en-ciel dans les yeux.
Tu ne pleureras pas
Tu ne videras pas cette besace de poussière
Et de félicités
Tu vas d’un concret à un autre
Par le plus court chemin celui des monstres.
VIII
Tu réponds tu achèves
Le lourd secret d’argile
De l’homme tu le piétines
Tu supprimes les rues les buts
Tu te dresses sur l’enterré
Ton ombre cache sa raison d’être
Son néant ne peut s’installer.
Tu réponds tu achèves
J’abrège
Car tu n’as jamais dit que ton dernier mot.
IX
J’en ai pris un peu trop à mon aise
J’ai soumis des fantômes aux règles d’exception
Sans savoir que je devais les reconnaître tous
En toi qui disparais pour toujours reparaître.
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