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Poème “Épitaphes” de Paul Éluard

Ajouts De L’édition De 1946

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Épitaphes

***

L’épigramme funéraire est un antique moyen de donner à penser aux vivants. Par-dessus le mur du passé, elle peut transmettre la confiance et l’espoir.

I

pour Marc.

L’enfant j’ai été l’enfant
Joue sans jamais réfléchir
Aux sombres détours du temps

Éternel il joue pour rire
Il conserve son printemps
Son ruisseau est un torrent

Moi mon plaisir fut délire
Mais je suis mort à neuf ans.

II
 

La souffrance est comme un ciseau
Qui tranche dans la chair vivante
Et j’en ai subi l’épouvante
Comme de la flèche à l’oiseau
Du feu du désert à la plante
Comme la glace sur les eaux

Mon cœur a subi les injures
Du malheur et de l’injustice
Je vivais en un temps impur
Où certains faisaient leurs délices
D’oublier leurs frères leurs fils
Le hasard m’a clos dans ses murs

Mais dans ma nuit je n’ai rêvé que de l’azur.

*

Je pouvais tout et je ne pouvais rien
Je pouvais tout aimer mais pas assez.

*

Le ciel la mer la terre
M’ont englouti

L’homme m’a fait renaître.

*

Ci-gît celui qui vécut sans douter
Que l’aube est bonne à tous les âges
Quand il mourut il pensa naître
Car le soleil recommençait.

*

J’ai vécu fatigué pour moi et pour les autres
Mais j’ai toujours voulu soulager mes épaules
Et les épaules de mes frères les plus pauvres
De ce commun fardeau qui nous mène à la tombe

Au nom de mon espoir je m’inscris contre l’ombre.

*

Arrête-toi et souviens-toi de la forêt
De la prairie plus claire sous le soleil vif
Souviens-toi des regards sans brumes sans remords

Le mien s’est effacé le tien l’a remplacé
D’avoir été d’être vivants nous continuons
Nous couronnons le désir d’être et de durer.

III
 

Ceux qui m’ont mis à mort ceux qui ne redoutaient
Que de manquer mon cœur tu les as oubliés

Je suis dans ton présent comme y est la lumière
Comme un homme vivant qui n’a chaud que sur terre

Seuls mon espoir et mon courage sont restés
Tu prononces mon nom et tu respires mieux

J’avais confiance en toi nous sommes généreux
Nous avançons le bonheur brûle le passé

Et notre force rajeunit dans tous les yeux.



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