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Poème: “Le Saule” d’Alfred de Musset

Premières Poésies

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Le Saule

***

III

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
« C’est vrai, Bell, répondit Georgette à son amie ;
Souvent jusqu’à la nuit j’aime à rester ici.
La mer y vient mourir sur la plage endormie…

— Mais qu’as-tu ? dit Bella : pourquoi pleurer ainsi ?

— Restons, restons toujours ; ce sont de douces larmes…
Douces, et sans motif… et des larmes pourtant !
As-tu peur ? mais la peur elle-même a ses charmes…
C’est mon plaisir du soir ; restons un seul instant.

— Hélas ! bonne Georgette, il faut bien qu’on te cède ;
Mais la nuit va venir, et… Dieu nous soit en aide !
Pourquoi donc dans ma main sens-je frémir ta main ? »

Georgette, en soupirant, regarda son amie :

« Ainsi, Bella, pour toi, de ce double chemin
Où l’on dit que nos pas s’égarent dans la vie,
Un seul, un seul existe, et te sera connu !
L’hiver prochain, dis-moi, Bell, quel âge auras-tu ?
Mais que dis-je ? notre âge est à peu près le même.
Je suis folle, et c’est tout. Pauvre Bella, je t’aime
Du fond du cœur.
— Mon Dieu ! Georgina, qu’as-tu donc
Tu ne te soutiens plus…
— Pardon, chère, pardon !
Tiens, donne-moi ton bras, et revenons ensemble. »
Toutes deux lentement marchèrent quelques pas :

« Non ! cria Georgina, non, je ne le puis pas
Je ne puis pas le fuir ! N’est-ce pas qu’il te semble,
Bella, que je suis pâle, et que je dois souffrir ?
C’est le bruit de ces flots, de ce vent qui murmure,
C’est l’aspect de ces bois, c’est toute la nature
Qui me brise le cœur, et qui me fait mourir !…
Ah ! Bella, ma Bella, rien que par la pensée,
Tant souffrir ! quelle nuit terrible j’ai passée !
Terrible et douce, amie ! écoute, écoute-moi…

— Parle, ma Georgina, raconte-moi ta peine.

— Oui, tout à toi, Bella, car ma pauvre âme est pleine
Et qui me soutiendra, chère, si ce n’est toi ?
Sœur de mon âme, écoute. Ô mon unique amie,
C’est de bonheur, Bella, que je meurs ! c’est ma vie
Qui dans cet océan se perd comme un ruisseau.
Pour toi, ces eaux, ces bois, tout est muet, ma chère !
Viens, ma bouche et mon cœur t’en diront le mystère…
Rappelons-nous Hamlet, et sois mon Horatio. »



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George Sand. Portrait by A. de Musset. 1833

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