Premières Poésies
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Le Saule
***
VI
Comme avec majesté sur ces roches profondes,
Que l’inconstante mer ronge éternellement,
Du sein des flots émus sort l’astre tout-puissant,
Jeune et victorieux — seule âme des deux mondes !
L’Océan, fatigué de suivre dans les cieux
Sa déesse voilée au pas silencieux,
Sous les rayons divins retombe et se balance.
Dans les ondes sans fin plonge le ciel immense.
La terre lui sourit. — C’est l’heure de prier.
Être sublime ! esprit de vie et de lumière,
Qui, reposant ta force au centre de la terre,
Sous ta céleste chaîne y restes prisonnier ;
Toi, dont le bras puissant, dans l’éternelle plaine,
Parmi les astres d’or la soulève et l’entraîne
Sur la route invisible, où d’un regard de Dieu
Tomba dans l’infini l’hyperbole de feu !
Tu peux faire accourir ou chasser la tempête
Sur ce globe d’argile à l’espace jeté,
D’où vers son Créateur l’homme, élevant sa tête,
Passe et tombe en rêvant une immortalité ;
Mais comme toi son sein renferme une étincelle
De ce foyer, de vie et de force éternelle,
Vers lequel en tremblant le monde étend les bras,
Prêt à s’anéantir, s’il ne l’animait pas !
Son essence à la tienne est égale et semblable.
Lorsque Dieu l’en tira pour lui donner le jour,
Il te fit immortel, et le fit périssable…
Il te fit solitaire, et lui donna l’amour,
Amour ! torrent divin de la source infinie !
Ô dieu d’oubli, dieu jeune, au front pâle et charmant !
Toi que tous ces bonheurs, tous ces biens qu’on envie
Font quelquefois de loin sourire tristement,
Qu’importent cette mer, son calme et ses tempêtes,
Et ces mondes sans nom qui roulent sur nos têtes,
Et le temps et la vie, au cœur qui t’a connu ?
Fils de la Volupté, père des Rêveries,
Tes filles sur ton front versent leurs fleurs chéries,
Ta mère en soupirant t’endort sur son sein nu !
À cette heure d’espoir, de mystère et de crainte
Où l’oiseau des sillons annonce le matin,
Tiburce de la ville avait gagné l’enceinte,
Et de son pauvre toit reprenait le chemin.
Tout se taisait au loin dans les blanches prairies ;
Tout, jusqu’au souvenir, se taisait dans son cœur.
Pour la nature et l’homme, ainsi parfois la vie
A ses jours de soleil et ses jours de bonheur.
C’est une pause — un calme — une extase indicible.
Le temps — ce voyageur qu’une main invisible,
D’âge en âge, à pas lents, mène à l’éternité —
Sur le bord du chemin, pensif, s’est arrêté.
Ah ! brûlante, brûlante, ô nature ! est la flamme
Que d’un être adoré la main laisse à la main,
Et la lèvre à la lèvre, et l’âme au fond de l’âme !
Devant tes voluptés, ô Nuit ! c’est le Matin
Qui devrait disparaître et replier ses ailes !
Pourquoi te réveiller, quand, loin des feux du jour,
Aux accents éloignés de tes sœurs immortelles,
Tes beaux yeux se fermaient dans les bras de l’Amour ?
Que fais-tu, jeune fille, à cette heure craintive ?
Lèves-tu ton front pâle au bord du flot dormant,
Pour suivre à l’horizon les pas de ton amant ?
La vaste mer, Georgette, a couvert cette rive.
L’écume de ses eaux trompera tes regards.
Tu la prendras de loin pour le pied des remparts
Où de ton bien-aimé tu crois voir la demeure.
Rentre, cœur plein d’amour ! les vents d’est à cette heure
Glissent dans tes cheveux, et leur souffle est glacé.
Retourne au vieux manoir et songe au temps passé !
Sous les brouillards légers qui dérobaient la terre,
Tiburce dans les prés s’avançait lentement.
Il atteignit enfin la maison solitaire
Que rougissaient déjà les feux de l’orient. —
Ce fut à ce moment qu’en refermant sa porte
Il sentit tout à coup un bras lui résister :
« Qui donc lutte avec moi ? dit-il d’une voix forte.
— Homme, dit le vieillard, songez à m’écouter. »
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