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Poème: “Léda Plus Vive Possédée Que La Nature” de Paul Éluard

Léda (1949)

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Léda Plus Vive Possédée Que La Nature

***

Mon corps s’éveille je suis jeune et belle
Et je murmure un air de mon enfance

Sur un lit doux mon corps comme un aimant
Dessine un ciel d’étoiles vues en songe

Tous m’ont perdue je ne suis à personne
Pourtant je suis comme un miroir tournant
J’offre mon rire aux conquêtes faciles

Mes seins ont l’âge d’être caressés
Comme une cloche par l’orage atroce
Comme un pain rare par qui n’a plus faim

Je puis borner la puissance des dieux
Et mettre à bas leur imagination

Être mortelle en me reproduisant
Être éternelle en détruisant le temps

Je rougirai quand le froid me prendra
Et je serai de neige dans les flammes.

*

Lèvre à lèvre la nuit l’aurore
Haut sur ma cuisse un baiser chante
Mes éléments me font vivante
Mon corps n’est pas une prison

Au fond du gouffre je rayonne
Au fond du verger je suis mûre
Au fond de la mer je suis nue
Nue comme nulle et toute en rien

Lèvre à lèvre la nuit l’aurore
Je dis ce que je suis mon sexe
Comme un sourire après les larmes
Soleil humain entre deux ombres

Comme une rose de faiblesse
Dans le flot noir de tout mon sang
Pôle inutile honneur sauvé
Honneur est le fils du plaisir

Passée au feu la fleur fragile
Ne change pas plus que ma bouche
Elle est l’objet des heures creuses
La cruche pleine du désir

Je peins en or le sacrifice
J’orne la honte d’impudeur
Je suis le vitrail où la cendre
Fait bégayer ligne et couleur.

*

Le ciel remue je n’ai pas peur je rêve
Le ciel remue et le lac de mon corps
Reflète un cygne de nuages calmes
Il est massif ses plumes sont mouillées

Je sens son bec son bec est d’un rapace
Il a ma bouche et moi j’ai sa droiture
Pour mieux jouir au paradis terrestre
Partout jour clair nuit étonnante foudre

Ô bonne chair amenuisée entière
Mangée chérie j’ai le sens de la vie
Parlez parlez j’ai le sens du silence
J’étais rouillée mais je reviens à neuf

Le ciel pervers est neuf pour la chair tendre
Une auréole enrobe mes prunelles
Bête sauvage j’ai réduit ton ciel
À mon désir nous sommes confondus

J’enfante un couple double et je suis seule.



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