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Poème: “Sur les victoires du Roi, en l’année 1677” de Pierre Corneille

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Sur les victoires du Roi, en l’année 1677

***

Je vous l’avois bien dit, ennemis de la France,
Que pour vous la victoire auroit peu de constance,
Et que de Philisbourg à vos armes rendu
Le pénible succès vous seroit cher vendu.
À peine la campagne aux zéphyrs est ouverte,
Et trois villes déjà réparent notre perte :
Trois villes dont la moindre eût pu faire un État,
Lorsque chaque province avoit son potentat ;
Trois villes qui pouvoient tenir autant d’années,
Si le ciel à Louis ne les eût destinées ;
Et comme si leur prise étoit trop peu pour nous,
Mont-Cassel vous apprend ce que pèsent nos coups.
Louis n’a qu’à paroître, et vos murailles tombent ;
Il n’a qu’à donner l’ordre, et vos héros succombent,
Et tandis que sa gloire arrête en d’autres lieux
L’honneur de sa présence et l’effort de ses yeux,
L’ange de qui le bras soutient son diadème
Vous terrasse pour lui par un autre lui-même ;
Et Dieu, pour lui donner un ferme et digne appui,
Ne fait qu’un conquérant de Philippe et de lui.
Ainsi quand le soleil fait naître un parélie,
La splendeur qu’il lui prête à la sienne s’allie ;
Leur hauteur est égale, et leur éclat pareil ;
Nous voyons deux soleils qui ne sont qu’un soleil :
Sous un double dehors il est toujours unique,
Seul maître des rayons qu’à l’autre il communique ;
Et ce brillant portrait qu’illuminent ses soins
Ne brilleroit pas tant, s’il lui ressembloit moins.
Mais c’est assez, grand Roi, c’est assez de conquêtes :
Laisse à d’autres saisons celles où tu t’apprêtes.
Quelque juste bonheur qui suive tes projets,
Nous envions ta vue à tes nouveaux sujets.
Ils bravent tes drapeaux, tes canons les foudroient,
Et pour tout châtiment tu les vois, ils te voient :
Quel prix de leur défaite ! et que tant de bonté
Rarement accompagne un vainqueur irrité !
Pour nous, qui ne mettons notre bien qu’en ta vue,
Venge-nous du long temps que nous l’avons perdue :
Du vol qu’ils nous en font viens nous faire raison ;
Ramène nos soleils dessus notre horizon.
Quand on vient d’entasser victoire sur victoire,
Un moment de repos fait mieux goûter la gloire ;
Et je te le redis, nous devenons jaloux
De ces mêmes bonheurs qui t’éloignent de nous.
S’il faut combattre encor, tu peux, de ton Versailles,
Forcer des bastions et gagner des batailles ;
Et tes pareils, pour vaincre en ces nobles hasards,
N’ont pas toujours besoin d’y porter leurs regards.
C’est de ton cabinet qu’il faut que tu contemples
Quel fruit tes ennemis tirent de tes exemples,
Et par quel long tissu d’illustres actions
Ils sauront profiter de tes instructions.
Passez, héros, passez, venez courir nos plaines ;
Égalez en six mois l’effet de six semaines :
Vous seriez assez forts pour en venir à bout,
Si vous ne trouviez pas notre grand roi partout.
Partout vous trouverez son âme et son ouvrage,
Des chefs faits de sa main, formés sur son courage,
Pleins de sa haute idée, intrépides, vaillants,
Jamais presque assaillis, toujours presque assaillants ;
Partout de vrais François, soldats dès leur enfance,
Attachés au devoir, prompts à l’obéissance ;
Partout enfin des cœurs qui savent aujourd’hui
Le faire partout craindre, et ne craindre que lui.
Sur le zèle, grand Roi, de ces âmes guerrières
Tu peux te reposer du soin de tes frontières,
Attendant que leur bras, vainqueur de tes Flamands,
Mêle un nouveau triomphe à tes délassements ;
Qu’il réduise à la paix la Hollande et l’Espagne,
Que par un coup de maître il ferme ta campagne,
Et que l’aigle jaloux n’en puisse remporter
Que le sort des lions que tu viens de dompter.



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