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La Foire De Sorochinietz de Nikolaï Vassilievitch Gogol


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XII

« De quoi, bonnes gens, suis-je donc coupable ?

Pourquoi m’étouffez-vous ? disait notre infortuné,

Pourquoi me tourmentez-vous de la sorte ?

Pourquoi, oui, pourquoi ? » Et cela dit, il versa des flots,

Des flots de larmes amères, en se mettant les poings sur les hanches.

(Artemowski-Toulak. Monsieur le Chien.)

– Peut-être bien, compère, que tu aurais de fait subtilisé quelque chose, demandait Tchérévik garrotté, et gisant tout de son long près de son compagnon d’infortune, dans une bicoque au toit de chaume.

– Toi aussi, compère, tu déraisonnes comme les autres ? Que mes bras et jambes se dessèchent si à quelque moment que ce soit j’ai commis le moindre larcin, à l’exception peut-être de petits pâtés à la crème volés à ma mère, quand j’avais tout au plus dix ans.

– D’où vient donc, compère, qu’une telle calamité fonde sur nous ? et encore, ton cas ce n’est rien ; au moins l’on t’accuse de t’être approprié le bien d’autrui. Mais, pauvre de moi, en quoi ai-je mérité l’accusation calomnieuse dont on me charge : je me serais volé ma propre jument ! On voit bien, compère, que nous étions prédestinés à la malchance.

– Hélas ! nous sommes abandonnés de Dieu et des hommes.

Et les deux amis de sangloter à fendre l’âme.

– Qu’as-tu donc, Solopi ? demanda Gritzko qui venait d’entrer. Qui t’a garrotté ?

– Ah ! Golopoupienkov ! s’exclama Solopi, la joie au cœur. Voilà précisément, compère, le garçon dont je t’ai parlé. Dis donc, que Dieu me foudroie sur le champ s’il n’a pas en ma présence séché rubis sur l’ongle un gobelet presque aussi large que ta tête, et sans tiquer le moins du monde !

– Comment se fait-il donc, compère, que tu aies traité par-dessous la jambe un compagnon si parfait ?

– Eh bien, tu vois, continua Tchérévik en se retournant vers Gritzko, Dieu m’a probablement châtié parce que je t’ai manqué. Pardonne-moi, brave jeune homme. Le ciel m’est témoin que j’aurais volontiers agi en tout point selon ta volonté, mais que veux-tu ? Ma vieille a le diable au corps.

– Je ne suis pas rancunier, Solopi, et si tu veux, je te libérerai.

Et, ce disant, il cligna de l’œil à quelques gaillards attentifs à ses faits et gestes et qui s’empressèrent de dénouer les cordes.

– En remerciement, comporte-toi de ton côté comme il se doit. Il faut nous marier, et ce sera une telle bombance que toute l’année nos jambes s’en ressentiront d’avoir dansé le hopak.

– Bien ! oh ! que c’est bien parlé ! s’écria Solopi en claquant des mains. Me voilà d’humeur joviale, comme si des Russes m’avaient enlevé ma vieille. À quoi bon réfléchir davantage ? Que cela lui sourie ou non, nous célébrerons les noces aujourd’hui même, ni vu ni connu, je t’embrouille !

– Attention, Solopi, j’arrive chez toi dans une heure, et maintenant rentre à la maison où t’attendent déjà des acheteurs pour ta jument et pour ton blé.

– Comment ! on aurait donc mis la main sur la jument ?

– Bien sûr !

À cet afflux de bonheur, Tchérévik demeura pantois et suivit d’un œil rond le départ de Gritzko.

– Eh bien, Gritzko, n’avons-nous pas gentiment mené notre affaire ? dit le Tzigane de haute taille au jeune homme qui s’éloignait à grands pas. Tes bœufs, n’est-ce pas, me reviennent maintenant ?

– Certes oui, ils sont à toi !


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