d’Ivan S. Tourgueniev
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Ô Fraîcheur, Ô Beauté Des Roses D’autrefois…
J’ai lu une poésie, il y a longtemps, oh ! bien longtemps. Je l’oubliai très vite…, mais le premier vers m’est resté en mémoire :
Ô fraîcheur, ô beauté des roses d’autrefois…
Aujourd’hui, c’est l’hiver ; le gel a saupoudré de frimas les vitres de ma croisée ; une bougie solitaire brûle dans ma chambre obscure. Je me suis blotti dans un coin de la pièce, et le souvenir scande inlassablement :
Ô fraîcheur, ô beauté des roses d’autrefois…
Je me vois assis à la croisée basse d’une maison de banlieue russe. Le soir d’été s’évanouit doucement, se fond avec la nuit, dans une odeur de réséda et de tilleul. Une jeune fille se tient sur le rebord de la fenêtre, appuyée sur son bras tendu en avant. Sa tête est penchée sur son épaule, elle interroge le ciel, en silence, comme si elle guettait l’apparition de la première étoile. Que de simplicité et d’inspiration profonde dans son regard rêveur ! Que de douceur et d’innocence sur ses lèvres entrouvertes pour une question inexprimée ! Son sein à peine éclos et vierge d’émotion se soulève si tendrement, et son jeune profil est si pur et touchant. Je n’ose point lui adresser la parole, mais elle m’est si chère… Dieu, que mon cœur bat vite !
Ô fraîcheur, ô beauté des roses d’autrefois…
Il fait toujours plus sombre… La bougie crépite, des ombres fugaces hésitent sur le plafond bas, le gel grince et s’irrite derrière le mur. Je crois percevoir un ronchonnement sénile et monotone :
Ô fraîcheur, ô beauté des roses d’autrefois…
Voilà que d’autres visions paraissent et s’évanouissent… La joyeuse rumeur d’une vie de famille, au village. Deux petites têtes blondes, appuyées l’une contre l’autre, me regardent, espiègles, avec leurs yeux clairs ; un rire, vivement maîtrisé, secoue leurs joues roses ; leurs mains sont liées dans une caresse ; leurs voix jeunes et bonnes se couvrent et se répondent. Un peu plus loin, dans la pénombre hospitalière de la pièce, d’autres mains, jeunes aussi, entremêlent leurs doigts sur les touches d’un piano vieillot. Et la valse de Lanner n’arrive pas à dominer le murmure patriarcal de la bouilloire…
Ô fraîcheur, ô beauté des roses d’autrefois…
La bougie vacille et s’éteint… Qui est-ce qui tousse là-bas d’une voix sourde et rauque ? Recroquevillé sur lui-même, mon vieux chien se blottit et frissonne à mes pieds — mon seul compagnon… J’ai froid… Je gèle…, et ils sont tous morts… tous…
Ô fraîcheur, ô beauté des roses d’autrefois…
Septembre 1879.

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